17 Octobre 2016 À 18:03
Le rapport relatif à la situation mondiale de l’alimentation et de l’agriculture vient d'être publié sur le thème «Le changement climatique, agriculture et sécurité alimentaire». Pour la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), le rapport SOFA a été lancé cette année au Maroc, lors d’une conférence de presse, hier, présidée par Michael George Hage, représentant de l’organisation onusienne au Maroc, au siège de la Fondation diplomatique à Rabat. Les données traitées dans ce rapport cadrent avec les objectifs énoncés dans le programme de développement durable à l'horizon 2030. Ils cadrent surtout avec l'Accord de Paris en vertu duquel la communauté internationale (196 pays) s'est engagée à opérer une transformation durable, en profondeur, compte tenu du défi sans précédent qu’affronte a planète. Défi lié à l'élimination de la faim et de la pauvreté tout en faisant face aux répercussions du changement climatique.
Le document de la FAO souligne ainsi que le moment est venu de traduire cet engagement politique en mesures concrètes. «Il est primordial que les engagements nationaux à la base de l'Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique se traduisent par des actions concrètes. Il est souhaitable que la COP 22 de Marrakech fasse de la question de la mise en œuvre des engagements dans les secteurs de l'agriculture un enjeu prioritaire lors des débats», appelle le représentant de la FAO au Maroc. C'est dans le cadre de cette préoccupation que l'édition 2016 de la situation mondiale de l'alimentation et de l'agriculture présente les incidences actuelles et futures du changement climatique sur l'agriculture et la sécurité alimentaire. Le rapport met en avant les politiques de transformation et les institutions qui peuvent favoriser une réponse efficace au changement climatique. Il relève que les aléas du changement climatique pèsent déjà sur l'agriculture et la sécurité alimentaire. Le rapport tire la sonnette d'alarme en insistant sur l'importance d'agir immédiatement, sinon, des millions de personnes seront exposées à la faim et à la pauvreté. Ce risque se traduira par une régression de la productivité agricole avec de lourdes conséquences sur la sécurité alimentaire. Les estimations avancées dans le document de la FAO pourraient aboutir à une augmentation de 35 à 122 millions du nombre de pauvres d'ici 2030 si l'on continue selon la tendance actuelle dans un scénario sans changement climatique.
L’Organisation appelle donc à réorienter les politiques de développement agricole et rural afin de promouvoir l'adoption de pratiques durables en termes de production agricole, de gestion des ressources naturelles de comportement des consommateurs. Dans ce cadre, le rapport attire l'attention sur le travail à faire en direction des petits agriculteurs (475 millions petits exploitants agricoles à faible revenu) qui ont un accès très limité aux technologies, aux marchés et au crédit. Cette catégorie a besoin d'aides d'urgence pour s'adapter au changement climatique et gérer les risques qui l'accompagnent, insistent les rédacteurs du SOFA. Selon le représentant de la FAO au Maroc, Michael George Hage, la résilience des petits exploitants peut s'améliorer par le biais de l'amélioration de leur système de production. Et ce, à travers une intensification durable, une gestion efficace de l'eau et une gestion du carbone et de l'azote.
Cela passe également, souligne-t-il, par le développement de moyens de subsistance qui respectent la diversification agricole, l'appui à la gestion des risques et la protection sociale ainsi que la réduction des inégalités entre les sexes. En évoquant les efforts à consentir pour la réduction des gaz à effet de serre, il estime qu'il faut s'attaquer aux pertes alimentaires et au gaspillage en parlant d'un taux de perte d'environ 40% entre le marché et le consommateur. Il a appelé aussi, en s'appuyant sur les conclusions du rapport Sofa, à des régimes alimentaires durables, l'évaluation de la consommation d'énergie dans les systèmes alimentaires modernes et l'harmonisation des politiques nationales ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles. Il considère que les fonds publics devraient permettre de relever le défi de développement et de renforcement des capacités et favoriser un environnement propice à la promotion de l'agriculture intelligente face au climat (CSA) dans le cadre du financement de l'action climatique. Il recommande d'intégrer l'adaptation du changement climatique dans les budgets nationaux étant donné que l'adaptation de l'agriculture contribuera à la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Il appelle également à libérer les capitaux privés pour l'investissement dans la CSA.