10 Avril 2016 À 14:17
Les jeunes chercheurs Khadija Outoulount et Brahim Mouradi ont tour à tour parlé du pressant besoin d’un vrai dialogue entre les peuples, afin de préparer les bonnes conditions de l’inter-culturalité. Comme ils ont essayé de déterminer, chacun selon sa recherche, les facteurs qui enfreignent à ce partage dans une ambiance d’ouverture et de coexistence. Dans son intervention, Khadija Outoulount a parlé de l’être humain entre identité et altérité, en soulevant la crise du vivre ensemble que nous pouvons remarquer aujourd’hui. «Si le monde actuel est hanté par la violence et le terrorisme, c’est essentiellement parce qu’il y a cette crise d’identité et d’altérité. Et surtout parce qu’on voit dans l’autre et sa différence une menace. L’identité est conçue dans une perspective de pureté qui renforce l’idée du rejet de toute dissimilitude et qui porte en elle une haine morbide contre toute personne qui affiche son altérité religieuse, ethnique, culturelle ou autre.
Dans cet ordre d’idées, la rencontre avec l’autre ne peut qu’être malheureuse et le projet du vivre ensemble pacifiquement demeure chimérique», souligne Khadija dans son exposé où elle précise que nous vivons la crise de l’ère moderne. «Nous sommes dans la difficulté de vivre notre 3e millénaire et il est bien difficile d’habiter notre monde. L’ère moderne, supposée être celle du village planétaire est devenue là où l’homme ne supporte plus son semblable et où le fossé devient de plus en plus énorme». Ce qui est une vraie menace pour l’humanité dans sa différence. Car l’interculturalité a toujours existé et permis à l’homme d’évoluer, en connaissant l’autre dans sa spécificité et en partageant avec lui beaucoup de choses. Khadija estime que l’art, la littérature et la traduction ont le pouvoir de concrétiser ces rapprochements. «Ce festival constitue un exemple parfait d’échange entre les différents peuples de la planète. À travers ces rencontres, on peut élucider beaucoup de problématiques de ce genre et en récolter les bienfaits de la cohabitation». La recherche de Brahim Mouradi a pointé le doigt sur l’homme à travers une vision générale tout au long de l’histoire. Il s’est appuyé sur des révélations d’Edgar Morin et Jean Paul Sartre quant à leurs pensées sur la laïcité, la religion et autre revendication de liberté. Brahim a, également, parlé de la création de ces différences et barrières dont souffre encore l’humanité, car elles engendrent des guerres et conflits sans fin. «L’unité est le trésor de la diversité humaine.
Cette dernière sert l’unité», renchérit-il. Mais, poursuit-il, on peut bien, par le biais de l’art, retrouver un peu de sens pour combattre le fanatisme et la barbarie actuelle. «Aller vers l’autre avec l’art et la culture est une tâche qui peut être bien menée par l’intellectuel et l’artiste pour essayer de sortir de ce tunnel de rancœur et d’animosité entre les peuples». L’universitaire Mustapha Elouizi, qui a joué le rôle de modérateur, n’a pas manqué d’exprimer sa réflexion à ce sujet en évoquant le modernisme et tout ce qu’il peut entrainer comme destruction de la société et de l’être humain. «Tout être humain devrait être engagé envers les valeurs humaines, à savoir l’amour, la fraternité, la solidarité, la coopération, le vivre ensemble… Toutes ces valeurs contribuent à ce que l’être humain soit ouvert à son homologue.
On ne peut pas dire que le monde a perdu son âme. Car il reste encore beaucoup de bonnes choses à échanger, c’est une lueur d’espoir, un chemin lumineux et un guide pour un monde rayonnant à aimer et à partager. Sachant que le chemin qui mène vers la modernité possède une facette négative qui détruit tout ce qu’on est en train de construire. C’est à cela qu’on doit faire attention pour ne pas tomber dans la contradiction.» n