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Le crédit bancaire de moins en moins coûteux

C'est déroutant. D'un côté, les banques et les autorités monétaires qui se démènent pour faire repartir le crédit, de l'autre, des acteurs économiques qui ne demandent qu'à être financés, et le crédit qui ne décolle pas ! Pourtant, le moment semble propice, le mouvement baissier des taux débiteurs observé depuis 2011 se poursuivant cette année.

04 Août 2016 À 18:44

Le crédit bancaire a de quoi séduire, pourvu d'ouvrir les robinets. Le loyer de l’argent est, en effet, en plein cycle baissier. Une détente déclenchée en 2011 et qui se poursuit. Cette tendance ressort dans les chiffres de Bank Al-Maghrib (BAM) aussi bien dans son rapport annuel 2015 que dans les indicateurs monétaires qu’elle publie périodiquement. La Banque centrale note, en effet, que le mouvement baissier des taux débiteurs, observé depuis 2011, s’est poursuivi en 2015, avec un recul plus marqué de 28 points de base (pb) à 5,73% en moyenne. Ce taux est descendu encore au premier trimestre 2016, se situant à 5,55%.Le Haut Commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi, l’avait, d’ailleurs, relevé, il y a trois semaines à Casablanca, en évoquant «des niveaux de taux d'intérêt des plus bas historiquement».

La baisse du loyer de l'argent observée en 2015 a particulièrement bénéficié aux entreprises, a souligné BAM, les taux ayant reculé de 68 pb pour les prêts à l’équipement et de 27 pour les facilités de trésorerie. Pour les particuliers, les taux ont baissé de 14 points de base à 6,17%, traduisant des replis de 17 points pour les prêts à l’habitat et de 16 pour les crédits à la consommation. Paradoxalement, cette accalmie sur le coût du financement bancaire ne s’est pas répercutée sur l’octroi de crédits en faveur des entreprises. «La reprise prévue du crédit bancaire ne s’est pas matérialisée, malgré la diminution des taux débiteurs», concède BAM. Bien au contraire.

Après une croissance de 4,1% en 2014, les crédits aux entreprises ont accusé une baisse de 2,3% l'année suivante, qui a concerné l’ensemble des segments du marché, indique la Banque centrale. Ainsi, après un accroissement de 5% en 2014, les facilités de trésorerie se sont repliées de 5,4% au terme de l’année dernière. À fin juin 2016, elles ont reculé de 0,5%. De même, les prêts à l’équipement ont régressé de 2% en 2015, après une augmentation de 4,7% un an auparavant. Au premier semestre 2016, ils ont crû de 3,2%, mais à vrai dire il s'agit en grande partie d'un effet de rattrapage.

Leur repli en 2015 recouvre une baisse de 3,2% pour les sociétés privées et une décélération à 2,5% pour les entreprises publiques. Pour ce qui est des prêts à la promotion immobilière, leur diminution s’est accentuée à 9,2% (à fin juin dernier, ils ont baissé de 6,7%). S’agissant de cette année, les données relatives au premier trimestre font ressortir que la détente des taux débiteurs a profité notamment aux crédits à la consommation, avec un recul de 21 points de base, et aux prêts immobiliers (-17 pb), au moment ils sont restés quasiment inchangés pour les facilités de trésorerie. En revanche, après «l’importante baisse» observée au quatrième trimestre 2015, les taux assortissant les crédits à l’équipement sont repartis à la hausse (+78 pb) atteignant 5,54%, selon les indicateurs monétaires hebdomadaires de BAM. 

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