24 Juillet 2016 À 14:46
La sixième édition du Festival «Ghiwani», manifestation éclectique destinée à valoriser et à préserver ce style musical authentique, a eu lieu, du 20 au 24 juillet à Marrakech, à l’initiative de l’Association «Fondation du Festival Ghiwani». Cette édition, baptisée du nom de Mohamed Hamadi, membre fondateur du groupe emblématique «Lemchaheb», a permis au public de savourer un cocktail rafraîchissant du répertoire ghiwani et d’apprécier à sa juste valeur la richesse de ce genre musical qui a révolutionné la scène artistique marocaine à partir des années soixante-dix.Se sont ainsi relayés sur la scène du Théâtre royal plus d’une dizaine de troupes mythiques. Il s’agit notamment des groupes Lemchaheb, Jil Jilala, Tagadda, Mesnawa, Larsad, El Ghiwane Mazagan, Bnat Lemchaheb, Amjad, Archache, Imedyazen et El Jawala.
Le programme d’activités parallèles concocté par les organisateurs comprenait, entre autres, la présentation d’une pièce de théâtre intitulée «Chala Maytqal» (Beaucoup à dire) et mettant en scène des situations comiques, une soirée de l’art sublime du Melhoun et une cérémonie de présentation et de dédicace de l’ouvrage «La mémoire musicale marocaine» du chercheur Ahmed Ramzi Al-Ghadban.Cette manifestation culturelle et artistique a également été marquée par un hommage à l’un des pionniers du phénomène ghiwani et membre fondateur du groupe Lemchaheb, Mohamed Hamadi. Ce dernier succède dans le registre des hommages au membre fondateur du groupe légendaire Jil Jilala, Moulay Tahar El-Asbahani, à l’artiste et l’un des illustres membres de cette même formation, Hassan Meftah, au poète, parolier et homme de théâtre, Mohamed Chahramane, au vétéran du groupe mythique Nass El Ghiwane, Omar Sayed, et au fondateur et ancien président du groupe «Lemchaheb», Mohamed Bakhti. À rappeler que Meftah et Chahramane sont tous les deux morts en 2013.
Cet événement se donne notamment pour but de préserver et de pérenniser ce phénomène musical en tant que composante essentielle du patrimoine national et pan entier de notre culture, a fait savoir le fondateur du Festival «Ghiwani», Abdelhafid El Bennaoui. Et de préciser que la création de ce Festival a été dictée par le souci à la fois de mutualiser les efforts à même de maintenir vivant ce genre musical et d’en assurer sa continuité, d’instaurer une plateforme de partage d’informations sur les différentes expériences ghiwanies et de mettre en valeur l’apport inestimable des figures ayant œuvré à la vulgarisation du répertoire ghiwani. Il convient de souligner que l’esprit ghiwani a réussi non seulement à conquérir le monde musical, mais aussi à intéresser d’autres facettes culturelles dont la dramaturgie à travers le livre «Ar-Rahil» (Le départ) du leader charismatique de la formation Nass El Ghiwane, feu Larbi Batma, le «Zajal» du fondateur du groupe Jil Jilala, Haj Mohamed Derhem, et le septième art par le biais du film «Al-Hal» (Transes) d’Ahmed El-Maânouni.Le phénomène ghiwani a influencé également nombre de groupes tant au Maroc qu’à l’étranger, et plus particulièrement au Maghreb, dans la mesure où le riche répertoire ghiwani tire sa substance du vécu quotidien des Marocains et des causes de la Oumma arabo-islamique.
À ce titre, il faut rappeler que le célèbre réalisateur américain Martin Scorsese avait qualifié le groupe Nass El Ghiwane de Rolling Stones de l’Afrique et s’était inspiré de leur musique ensorcelante pour son film «La dernière tentation du Christ». Il avait même pris en charge la restauration du film «Al-Hal» d’El-Maânouni qui retrace l’itinéraire géographique et culturel du groupe légendaire.