22 Mai 2016 À 12:36
Une prolongation jusqu’en 2040 du délai de grâce accordé à la Grèce sur ses emprunts. C'est le souhait du Fonds monétaire international (FMI) qui veut également reporter l’échéance de ceux-ci à 2080, avec un taux fixe jusqu’en 2045, selon un document confidentiel de l’institution de Bretton Woods, rapporte Reuters. Intitulé «Grèce : note résumée sur la viabilité de la dette», le document constitue la contribution du FMI aux débats à venir sur la restructuration de la dette publique d'Athènes, censés permettre que les intérêts et les remboursements ne plombent pas indéfiniment l'économie. «Le premier objectif clé est de maintenir les besoins bruts de financement à l'intérieur de la fourchette de 15% à 20% du PIB (...) pendant la période de prévisions», explique le document que s'est procuré l’agence de presse. Les prévisions du Fonds portent jusqu'en 2060. «Le deuxième objectif est de maintenir le ratio d'endettement sur une pente baissière.» Pour atteindre ce double objectif, l'organisation dirigée par Christine Lagarde propose que les pays de la zone euro allongent la période de grâce déjà prévue sur la totalité de leurs prêts à la Grèce, afin que cette dernière n'ait à débourser ni intérêts ni remboursement du principal avant 2040. Cela reviendrait à prolonger la période de grâce de 20 ans pour le premier plan d'aide, de 17 ans pour le deuxième et de six ans pour le troisième. Une telle mesure réduirait le poids de l'amortissement de la dette d'environ cinq points de produit intérieur brut sur la période 2020-2040, pour le ramener de 13% à 8% du PIB, précise le document.
Le FMI souhaite également que les échéances des prêts accordés dans le cadre des trois plans d'aide conclus depuis le début de la crise soient reportées à 2080, soit de 40 ans pour le premier plan, de 24 ans pour le deuxième et de 20 pour le troisième. «Cela contribuera à maintenir les besoins bruts de financement sous 20% jusqu'en 2060», précise le FMI, cité par Reuters. Le Fonds précise qu'il souhaite que toutes les modalités soient arrêtées dès maintenant, ce qui risque de susciter des réticences, car l'accord serait lié à des réformes promises par Athènes dans le programme actuel, mais pas encore appliquées.
Plusieurs pays de la zone euro, emmenés par l'Allemagne, s'opposent à l'adoption immédiate de décisions à long terme de peur de perdre de l'influence sur la Grèce, qui n'a pas respecté la totalité de ses engagements dans le passé. «Les modalités de l'allègement de la dette devraient être conclues immédiatement», dit le document du FMI, tout en esquissant un compromis qui consisterait à assortir l'accord de conditions liées à la mise en œuvre des réformes, avec un examen annuel.