09 Juin 2016 À 17:17
Le Ramadan est l’une des périodes les plus importantes du monde musulman. Un fait que devrait accepter la partie étrangère d’un couple mixte. Car dans ce type d’union, le choc culturel est presque certain. Il faudra donc aux conjoints trouver une manière de communiquer sans se heurter l’un l’autre. Un apprentissage long et difficile qui demande beaucoup de patience, de tolérance et de souplesse.
Laëtitia, 26 ans, fait partie des étrangers qui attendent le mois du Ramadan avec impatience. Une occasion, dit-elle, d’exercer ses talents culinaires et de laisser libre cours à son imagination. «J’adore cuisiner pendant le ramadan ! Je prends à chaque fois 5 kilos, mais qu’à cela ne tienne. Il y a plein de nouvelles recettes que je teste durant ce mois sacré», se réjouit-elle. Cependant, pas question pour la jeune femme de rester collée au protocole. Celle-ci se vante d’ailleurs de son ftour mi-oriental, mi-occidental qui, selon ses dires, plaît à tout le monde. «Sur ma table, on peut trouver de la harira, du msemen ou des batbots, comme des sushis, des huîtres ou du camembert. Un peu pour se rappeler d’où on vient».
De son côté, Sylvie, mariée depuis 7 ans avec Mohamed, s'impose de jeûner. «Bien que rien ne m’y oblige, je jeûne. Lorsque mon mari m’a demandé pourquoi, je lui ai répondu que j’aimais partager ce moment avec lui. Et puis je n’aime pas me retrouver toute seule à manger. Je trouve ça triste. On se voit déjà peu en temps normal, alors si on vit décalés durant tout ce mois, c’est infernal», déclare-t-elle. Outre la contrainte alimentaire, Sylvie doit également endurer la contrainte affective et charnelle. Mais celle-ci a judicieusement réussi à la tourner en avantage. «Je suis plus attentionnée, plus à l’écoute de mon mari, car son contact me manque. Cela calme aussi les tensions qu’il peut y avoir dans notre couple. J’ai l’impression de l’aimer à nouveau comme au premier jour», confie la quarantenaire.
Liliane, 51 ans, a eu beaucoup de mal au début avec toutes les traditions ramadanesques, qui ne lui étaient pas familières. «À la maison, c’est cuisine traditionnelle française chaque jour. Mais, durant le Ramadan, il faut se mettre à la page pour faire plaisir à son mari. Mais demander à une étrangère de faire tanjia, baghrir, msemen, ou chebbakia c’est un peu comme demander à une marocaine de faire un cassoulet, de la bouillabaisse, ou une fondue…», raconte-t-elle.
Et comme le Ramadan est aussi une histoire de famille, cette mère de famille a vu débarquer sa belle-mère qui croyait bien faire en monopolisant la cuisine à sa place. «Au lieu de ça, je me suis sentie un peu humilié, inutile, incapable... À mon âge, j’avais l’impression d’être une gamine !» avoue-t-elle.Par ailleurs, Liliane ne s’attendait pas à ce que sa belle-mère reste tout le mois. «Mon mari était ravi, mais moi je me suis sentie envahie», poursuit-elle. Toutes ses habitudes ont donc été chamboulées, à commencer par son rythme de sommeil.
«Comme je travaille, j’ai pour habitude de me coucher au plus tard à 23 h. Mais durant le Ramadan, je ne m’endormais pas avant 2 h du matin, car ma belle-mère et mon époux veillaient et je les entendais discuter par-dessus le son de la télévision. Je suis donc devenue irritable et mon mari et sa mère ne comprenaient pas pourquoi. Du coup maintenant, soit je prends mes vacances durant le Ramadan, soit je laisse mon mari avec sa mère et je vais rendre visite à la mienne sur Paris pour ne blesser personne et tout se passe très bien». Enfin Ibtissam raconte ne pas avoir rencontré de problème avec son mari, Patrick. «Il s’est converti avant notre mariage. Du coup, il jeûne comme moi».