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Le village de Tahala inaugure une expérience innovante

El la lumière jaillit ! C’est une formule qui sied à merveille à Tahala, village haut perché à 12 kilomètres de Tafraout. C’est aussi un bel exemple de réussite du partenariat public-privé au service des communautés rurales. L’entreprise ENR Afrique, de Casablanca, et l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles ont installé un réseau de distribution d’énergie photovoltaïque. Les impacts positifs de cette électrification sont multiples : éducation, agriculture, tourisme et autonomisation des femmes.

À gauche, Abid Zahra, le 10 novembre à Marrakech.

10 Novembre 2016 À 19:35

Ce qui, à l’origine, ne devait être qu’un projet de recherche et de développement en énergies renouvelables s’est concrétisé au grand bonheur de la population de Tahala, un village de montagne situé à 12 kilomètres de Tafraoute, au sud du pays. «Avant la réalisation de ce projet, les coupures d’électricité étaient fréquentes. Actuellement, nous avons 12 heures d’électricité par jour et, surtout, gratuitement», témoigne Fatima, membre d’une coopérative féminine pour l’alphabétisation des femmes et de production d’huile d’argane.

Abid Zahra, directrice de l’entreprise ENR Afrique, basée au Technoparc de Casablanca, explique au «Matin» que ce projet, appelé «Solar Heroes of Tahala», pensé, conçu et financé au Maroc, à hauteur de 3,5 millions de DH, par l'Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (Iresen), a consisté en l’installation d'un microgrid (réseau de distribution d’énergies renouvelables) au profit de 12 sites pilotes, tels que Dar Ettalib, les coopératives féminines, les mosquées… «Comme la loi ne nous permet pas d’injecter le surplus d’électricité dans le réseau national, nous avons pensé au pompage de l’eau d’irrigation grâce à l’énergie solaire. Ce surplus permet aux agriculteurs de disposer de 8 heures d’énergie pour l’irrigation par jour», affirme Abid Zahra, présente à Marrakech à l’occasion de la COP 22. «C’est le premier projet réalisé au Maroc, voire en Afrique», conclut-elle.

Pour Badr Ikken, directeur général de l’Iresen, Tahala montre qu’il est possible de trouver des solutions adaptées aux spécificités de chaque région, même à une échelle réduite, comme le résidentiel, «et cela permet de créer des emplois», se réjouit le directeur, dont l’Institut a été créé il y a de cela cinq années pour promouvoir les énergies renouvelables et permettre la synergie entre les universités et les entreprises. La réussite de ce projet fait que le Conseil de la région pense à étendre cette expérience à 27 villages avoisinants, ce qui permettrait de lancer des projets dans le tourisme, l’artisanat, une meilleure scolarisation des enfants et une plus grande autonomie des femmes qui peuvent désormais envisager de créer des activités génératrices de revenus.

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