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Les lettres marocaines à l’honneur

Les 13 et 14 février, le Maroc sera à l’honneur de la 22e édition du Maghreb des livres prévue à l’Hôtel de Paris. Organisé par l’association «Coup de Soleil», cet événement mettra en lumières les lettres marocaines. Au programme : cartes blanches, lectures, cafés littéraires, séances de dédicace, expositions d’artistes, rencontres et tables rondes. Un grand hommage sera rendu à l’écrivain marocain Driss Chraïbi, l’écrivaine algérienne Assia Djebar et l’éditeur français François Maspero.

Plus de 7.000 visiteurs sont attendus les 13 et 14 février pour cette 22e édition du Maghreb des livres.

02 Février 2016 À 18:07

Lieu de débats et de réflexion collective, le Maghreb des livres réunira cette année 150 auteurs et 30 intervenants de divers horizons, dans le cadre de sa 22e édition, prévue les 13 et 14 février à l’Hôtel de Paris. L’occasion de découvrir les productions éditoriales, romans, essais, beaux-livres, bandes dessinées, d’auteurs vivant en France ou dans les pays du Maghreb. Cette année, ce sont les lettres marocaines qui seront à l’honneur. Dans ce sens, les bibliophiles français pourront apprécier l’évolution du livre marocain à travers des rencontres avec les écrivains les plus éminents du pays qui y présenteront leurs nouveautés. Il y aura aussi une table ronde sur le thème «Évolution de la société marocaine depuis 15 ans : points et repères», où plusieurs intervenants feront le tour des facteurs qui ont permis cette effervescence sans précédent que vit le Maroc depuis l’accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

En effet, avec l’accession au Trône du Souverain, une nouvelle ère s’est ouverte, l’aspiration populaire à la liberté et à la justice sociale a été mieux entendue. La réforme du Code de la famille, qui s’accompagne de nombreuses avancées pour le statut des femmes, s’inscrit pleinement dans cette volonté d’engager le Royaume sur le chemin de la modernité, même si des progrès doivent encore être accomplis. L’accélération des réformes qui a eu lieu avec l’adoption de la nouvelle Constitution en 2011 était la suite logique et naturelle du processus engagé depuis le début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. De même, le paysage culturel marocain témoigne depuis plusieurs années d’un véritable renouveau qui touche et concerne les différents secteurs de l’art et les diverses facettes de la culture marocaine.

Au programme de cette édition du Maghreb des livres, l’Association Coup de soleil, organisatrice de l’évènement, a choisi de rendre un vibrant hommage posthume à l’écrivain marocain Driss Chraïbi, un des classiques de la littérature maghrébine d’expression française. Avec une activité intellectuelle très intense, accompagnée d’un programme artistique et pédagogique riche et diversifié, la 22e édition confirme la vocation de cet événement depuis sa première édition en 1994 : un rendez-vous phare des amoureux des mots et du livre dans son acception la plus large. Cartes blanches, lectures, cafés littéraires, séances de dédicaces, expositions d’artistes, rencontres et tables rondes : le programme de cette édition confirme également la bonne santé de cette manifestation culturelle.

À cette occasion, plus de 7.000 visiteurs sont attendus les 13 et 14 février à l’Hôtel de Paris. Et comme chaque année, une grande librairie présentera les ouvrages édités en 2015 en France et au Maghreb, essentiellement en langue française, mais aussi en arabe ou en amazigh. Parmi les invités phares de cette édition, on retient notamment Anouar Benmalek, Lamia Berrada-Berca, Maissa Bey, Maurice Buttin, George Corm, Habiba Djahnine, Fouad Laroui, Driss Ksikes, Bachir Mefti, Moha Souag, Guillaume Jobin, Mohamed Hmoudane, entre autres. Ouvert à tout le monde, l’événement réserve plein de surprises au public, qui est invité à davantage de découvertes, d’échanges et de plaisir.


Questions à Maati Kabbal responsable des Jeudis de l’IMA et coordinateur scientifique des Rendez-vous de l’histoire

«Les lettres marocaines, toutes langues confondues, connaissent une véritable effervescence»

Parlez-nous de cet hommage posthume à l'œuvre de Driss Chraïbi ?Ce n’est pas la première fois que le Maghreb du livre rend hommage à Driss Chraïbi. Ce dernier est régulièrement présent, parce qu’il est une figure emblématique des lettres marocaines modernes et aussi en raison de l’impact de son œuvre sur un grand lectorat francophone. Ce dernier est fasciné par sa démarche moderne, courageuse et novatrice. Son écriture libre a su et pu saisir les dysfonctionnements et les errements de la société marocaine. En cela, il reste au même titre qu’un Mohammed Khaïr-Eddine ou un Mohamed choukri ou Mohamed Zafzaf, un écrivain libre. Il ne s’agit pas ici d’accumuler les discours sur et autour de son œuvre prolifique, mais d’encourager les lecteurs, surtout les jeunes, à le lire et le découvrir selon de nouvelles grilles, centrées sur le plaisir, l’humour, l’autodérision, la critique sans concession de soi et de l’autre. Nous aurons également à insister sur la nécessité de traduire l’œuvre de Charïbi en arabe et en amazigh, comme elle est traduite dans d’autres langues. Face à la déferlante numérique, dans laquelle le sujet est touché par une amnésie rampante, cet hommage peut être interprété comme un devoir de mémoire.

Selon vous, qu'est-ce qui caractérise l'évolution de la société marocaine depuis 15 ans, un sujet qui fait d'ailleurs l'objet d'une table ronde ?Je dirais que depuis l’avènement du Souverain Mohammed VI, cette évolution trouve sa traduction dans le bond économique, dans l’équilibre politique qui a épargné au pays les soubresauts meurtriers et régressifs qu'ont connus certaines sociétés arabo-musulmanes, dans l’émergence d’une société civile qui pèse via les réseaux sociaux sur l’orientation de la société. Restent les points d’achoppement : l’éducation et la culture qui sont encore des chantiers et des défis à relever. Le Maroc est donc une société en évolution et non pas en involution, comme le sont aujourd’hui de nombreuses sociétés arabes.

Le Maroc sera à l'honneur, quels sont les points forts de la participation du pays ?Au cours de cette 22e édition, le Maroc sera effectivement à l’honneur. Or, faute de moyens, l’association organisatrice, «Coup de soleil», se tourne vers les écrivains qui sont sur place ou invite seulement quelques plumes et éditeurs, alors que les lettres marocaines, toutes langues confondues, connaissent une véritable effervescence. Il aurait été plus judicieux de faire découvrir au public de jeunes écrivains, philosophes, critiques ou essayistes, pour offrir au public nombreux un panorama d'ensemble de la culture marocaine. Mais c’est mieux que rien.

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