24 Novembre 2016 À 19:22
L'activité médico-légale au Maroc serait loin d'être dans une situation enviable. Les professionnels du secteur ne cessent de tirer la sonnette d’alarme depuis plusieurs années déjà. Appelant à une réforme globale de la profession, les médecins légistes marocains déplorent une organisation fragile, un encadrement quasi inexistant et un financement faible et non adapté. Dans de récentes déclarations à la presse, le président de la Société marocaine des médecins légistes (SMML), le professeur Ahmed Belhouss, a rappelé le nombre limité des médecins légistes en exercice dans le Royaume. En effet, ils ne sont que 14 légistes, dont huit sont concentrés au niveau de la ville de Casablanca, selon les statistiques dévoilées par le professeur.
Lors d'une conférence de presse organisée à la mi-novembre, le président de la SMML a passé en revue les multiples défaillances du secteur. L’un des points relevés lors de cette rencontre était celui des rémunérations consacrées aux actes médico-légaux requis par le parquet. Les montants alloués à ces opérations ne dépassent pas les 30 dirhams pour l’examen d’un cadavre ou d’un blessé avec rédaction et dépôt d’un rapport. S’agissant des autopsies de cadavres avant inhumation, la rémunération accordée aux praticiens est de 100 dirhams. Dans le cas des autopsies sur des cadavres putréfiés, cette somme monte à 150 dirhams par opération.
Relevant plusieurs autres défaillances frappant le secteur, la Société marocaine des médecins légistes espère bénéficier de plus d’écoute de la part du prochain gouvernement. Revendiquant plus de ressources sur le plus humain et matériel, les médecins légistes marocains insistent sur l’importance de la formation et le développement de l’expertise des praticiens. Ils espèrent également la mise en place d’un cadre institutionnel permettant une meilleure organisation de la profession.
Il faut rappeler, toutefois, qu’avec son statut particulier, la médecine légale n’est pas seulement l’affaire du ministère de la Santé, mais aussi de celui de la Justice et des libertés. Une situation qui complique sans doute tous les projets de réforme exigeant de grandes concertations entre les différents acteurs. Dans ce sens, les praticiens se disent prêts à collaborer avec les différents départements afin de mener à bien l’opération de réorganisation du secteur. Un projet de loi régissant la profession avait déjà été déposé en 2014 auprès du secrétariat général du gouvernement. Élaboré à l'initiative de la direction des affaires criminelles et des grâces au ministère de la Justice, il avait pour objectif de combler un vide en matière de réglementation des activités médico-légales. Malheureusement, le projet en question n’a jamais était adopté par le Conseil de gouvernement.