12 Janvier 2016 À 19:38
Quelles sont les nouvelles dynamiques sociales qui se déploient et se reformulent dans le Maroc d’aujourd’hui ? Cette question a lieu d’être posée, d’autant plus si elle émane de spécialistes qui y consacrent des études et des analyses. En effet, dans cette perspective, la principale institution du pays qui se consacre à la recherche en sciences humaines et sociales, en l’occurrence l’Institut universitaire de la recherche scientifique (IURS, créé en 1961) organise, en collaboration avec le Bulletin économique et social du Maroc (BESM), un colloque consacré à cette thématique. L’événement a pour objectif de faire le bilan des nouvelles dynamiques sociales qui transforment le Maroc d’aujourd’hui. Il s’agit d’ouvrir un débat interdisciplinaire neuf et critique, à partir de perspectives différentes, mais complémentaires, soulignent les organisateurs de l'événement. Ce colloque, organisé autour du thème «Bilan sociologique et changements sociaux au Maroc», a lieu les 14 et 15 janvier à Rabat et sera marqué par la participation d’éminents chercheurs en sciences sociales au Maroc.
Quatre axes sont programmés. Le premier entend mettre en relief les processus politico-religieux. Il est question à travers ce thème, selon les organisateurs, «d’analyser et de repenser les articulations du politique et du religieux en termes de pratiques de double instrumentalisation et légitimation». L’objectif n’est pas seulement de se focaliser sur les usages politiques du religieux, mais aussi sur les politiques religieuses en lien avec les formes de radicalisation islamiques.
Le deuxième axe devra examiner les dynamiques politico-économiques qui permettent, entre autres, de réfléchir sur des sujets sensibles qui pervertissent souvent les liens socioéconomiques. «On pense tout particulièrement aux pratiques liées au phénomène structurant de la corruption, au sérieux et persistant problème de l’économie informelle, aux économies illégales, aux nouvelles formes de pauvreté et de richesse», expliquent les organisateurs. Le but, selon eux, est de repenser les devenirs politico-économiques en lien avec tous les mécanismes qui entravent les processus de «développement» économique et de «modernisation» sociale et culturelle.
Quant au troisième axe, il concerne les rapports de genre. Cette problématique qui concentre, de plus en plus, les tensions et les contradictions sociales et culturelles sera analysée selon une perception essentiellement anthropologique. Le dernier axe programmé au cours de ce colloque vise les rapports entre le culturel et le social.
«On aimerait essentiellement poser la question des productions culturelles en ce qu’elles reflètent (ou pas) les soucis d’ordre sociologique et historique, et dans quelle mesure elles ouvrent sur des perspectives nouvelles qui permettraient d’imaginer de nouvelles formes de vie relativement libérées des gravités politiques, économiques et religieuses. Autrement dit, comment penser l’acte de création culturelle en tant que créateur de nouveaux liens sociaux ?» soulignent les organisateurs. Des dynamiques que des sociologues et des anthropologues vont décortiquer, pendant deux jours, afin d’en saisir les pratiques et les processus sociologiques dans une dimension globale.