Salon international de l'agriculture de Meknès

Les projections sur l’agriculture marocaine sont alarmistes

Les premiers résultats du programme «Mosaicc» de simulation de l’impact des changements climatiques sur l’agriculture ont été présentés le 8 novembre à Marrakech. Ils montrent que les projections sont alarmistes sur les rendements, selon les chercheurs de l’Institut national de la recherche agronomique.

«Les projections sur les rendements agricoles sont alarmistes», prévient Riad Balaghi, coordinateur pour le Maroc du programme «Mosaicc» et chercheur à l’INRA.Ph. Saouri

08 Novembre 2016 À 20:12

Au Maroc, comme ailleurs, l’agriculture est le premier secteur qui pâtit des impacts des changements climatiques. Aux aléas climatiques, qui sont par définition fluctuants, est venu se greffer le dérèglement du climat, rendant ainsi davantage vulnérable un secteur économique qui représente, bon an mal an, 15% du BIP (produit intérieur brut) national. Afin de disposer d’outils permettant de réaliser des simulations, le Royaume, en collaboration avec l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) et l’Union européenne (UE), a lancé en 2013 le programme «Mosaicc» dont les premiers résultats ont été présentés à Marrakech le 8 novembre. «Le Maroc est le premier pays à avoir implémenté sur son sol ce programme destiné à faciliter l’adoption de techniques agricoles intelligentes face aux changements climatiques», selon Michael George Hage, représentant de la FAO au Maroc. «Mosaicc» est une plateforme mise en ligne qui regroupe les données relatives aux différents aspects de l’agriculture : ressources hydriques, météorologie et forêts.

Ce programme, qui réunit, en plus de la FAO et l’UE, la direction de la météorologie nationale et l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) vient combler «les lacunes qui caractérisent les secteurs concernés. Dans de nombreux cas, les décisions politiques sont prises sur la base de considérations purement économiques». «Mosaicc» apporte l’élément scientifique rendant possible les simulations, dans l’espace et dans le temps, des impacts des changements climatiques sur l’agriculture marocaine à une échelle réduite comme celle d’exploitation. Sur le site «changementclimatique.ma», libre d’accès, les simulations montrent, qu’il s’agisse de scénario optimiste ou pessimiste, que l’augmentation de la chaleur, la baisse de la pluviométrie et de l’écoulement des eaux notamment en période de culture sont bel et bien confirmées. «Les projections sur les rendements agricoles sont alarmistes», prévient Riad Balaghi, coordinateur pour le Maroc du programme «Mosaicc» et chercheur à l’INRA. Ces données sont destinées pour la réalisation des futurs plans d’adaptation pour une agriculture plus résiliente. Dans son volet «Adaptation aux changements climatiques», le Plan Maroc vert recommande de certaines modifications des pratiques agricoles, la refonte du calendrier agricole traditionnel, l’utilisation de semences sélectionnées et choix de variétés adaptées au climat et la reconversion et repositionnement des cultures. Les modifications des stratégies d’irrigation portent sur la mise en œuvre de l’irrigation complémentaire pour les cultures pluviales et la généralisation de techniques d’optimisation de l’irrigation. Au Maroc, les premières recherches sur l’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques ont été entreprises dès 2009. D’où le choix du Royaume pour lancer ce programme de simulations.

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