Spécial Marche verte

Les séries turques continuent à cartonner

Figurant au deuxième rang des pays producteurs de séries derrière les États-Unis, la Turquie a envahi de nombreux pays, essentiellement les pays du monde arabe, avec ses productions, qui ont rapporté plus de 250 millions de dollars en 2015.

Une des séries turques diffusées sur les chaînes marocaines «Al Mad wa Al Jazr».

22 Janvier 2016 À 18:18

Dès leur première diffusion, les séries turques doublées en dialecte syrien ont conquis les cœurs de millions téléspectateurs dans le monde arabe. Le nombre de personnes accros à ces séries, qui comprennent plusieurs saisons et dépassent généralement 100 épisodes, ne cesse d’augmenter. Face à cet engouement, pratiquement toutes les chaînes arabes se sont mises à diffuser plusieurs séries turques quotidiennement. Résultats : ces productions sont devenues une importante source de revenus pour la Turquie.En effet, d’après Calinos Holding, principal exportateur des séries turques, les ventes des séries télévisées turques ont rapporté 250 millions de dollars en 2015, soit une hausse de 25% par rapport à l'année précédente. «La Turquie produit plus de 70 séries par an, mais seulement 10 à 15 sont diffusées par les télévisions étrangères.

En effet, ces productions ont été regardées, durant l’année écoulée, dans plus de 70 pays du Moyen-Orient, des Balkans, d'Amérique latine et des pays turcophones», souligne Calinos Holding qui se réjouit de voir que ces feuilletons continuent à cartonner et à gagner de l'audience à l'international. D’ailleurs, l’exportateur de ces séries prévoit des valeurs à l'export de 300 millions dollars à la fin de 2016. Au Maroc, les téléspectateurs sont tombés littéralement sous le charme de ces séries dès le début de leur diffusion, d'autant qu’ils profitent d’une version inédite doublée en dialecte marocain «darija». Depuis la fin de l’année 2012, le feuilleton «Samhini» est devenu un rendez-vous que des millions de téléspectateurs marocains ne manquent sous aucun prétexte. D’après les chiffres de Marocmétrie des parts d'audience des chaînes nationales pour le mois d’août 2015, la chaîne 2M est toujours en tête des audiences chez les Marocains et les programmes les plus regardés sont les feuilletons turcs. «Samhini» arrive ainsi en tête avec 4.579.000 de téléspectateurs, suivi de «Taman Al Hob» (3.688.000). «J’aime beaucoup cette histoire.

Je la suis depuis le début (cela fait 3 ans maintenant). Elle est géniale, il y a plein d’événements, de rebondissements… En plus, les héros sont très beaux. Je ne me lasserai jamais de les regarder. Parfois, j’ai même l’impression que les personnages font partie des membres de ma famille», confie Sara, 28 ans, femme au foyer. Et de poursuivre : «Au début de la série, j’étais enceinte et j’étais tellement fan que j’ai appelé ma fille Manar, comme l’héroïne de la série. Aujourd’hui, ma fille a deux ans et nous regardons le feuilleton ensemble.

Dès que la musique du générique du début commence, ma petite fille saute de joie pour me prévenir». Si au début de leur diffusion, ces séries ont connu un succès fou auprès des femmes, aujourd’hui ce sont des familles entières qui les suivent. Les hommes et même les enfants très jeunes sont devenus accros à ces productions qui sont généralement des drames sentimentaux qui mettent en scène des familles ennemies, des amours interdites et des trahisons… «L’impact de ces séries est très profond ; il s’inscrit dans les références mentales. Le mimétisme issu des médias est avéré par les phénomènes de mode vestimentaire, linguistique... L’impact du média doit donc être considéré sous trois angles : la forme du message, son système de diffusion et la volonté du spectateur.

Une information simplement transmise sans mise en scène passe tout à fait inaperçue, mais racontée comme une histoire, elle prend une existence pour les spectateurs. L’image médiatisée a donc naturellement un impact sur la façon dont les spectateurs reçoivent, interprètent et retiennent les éléments du quotidien», explique Mohssine Benzakour, psychosociologue. Et d’ajouter : «La passivité et l’absence d’esprit critique font en sorte que la construction mentale se base sur l’émotion que les spectateurs de ces séries éprouvent lorsqu’ils réagissent comme si les personnages existaient dans la réalité, car ils en ont acquis une perception plus complexe et plus profonde, dans laquelle l’affect tient une grande place. Et c’est ainsi que ces séries deviennent un modèle cognitif idéalisé». 

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