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Les six enseignements de l’Institut royal des études stratégiques

L’Institut royal des études stratégiques appelle dans un rapport rendu public récemment à la diversification des ressources énergétiques et des sources d’approvisionnement. Il propose aussi la libéralisation totale de la production et de la distribution de l’électricité ainsi que la mise en place d’un organe de régulation indépendant de l’ONEE. Le rapport appelle également à revoir le cadre juridique pour en faire un dispositif de soutien aux énergies enouvelables.

20 Mars 2016 À 16:46

L'Institut royal des études stratégiques (IRES) a élaboré un rapport intitulé «La transition énergétique du Maroc, à l'aune de la géopolitique mondiale de l'énergie». Une initiative qui procède de l’intérêt porté par l’Institut à la question énergétique qui fait partie de son programme de travail depuis sa création en 2007. Le principal objectif de ce rapport (92 pages), qui vient d’être publié sur le site de l’IRES (www.ires.ma), consiste à cerner les incidences du contexte mondial sur les options énergétiques actuelles et potentielles du Maroc. Et ce en se référant à des expériences internationales pertinentes, en l'occurrence celle de l'Allemagne, de l'Espagne, du Portugal et de la Turquie. Après avoir passé en revue les avantages et les inconvénients des expériences de ces pays, le document a consacré les dernières pages du rapport à mettre en avant les enseignements à tirer pour le Maroc.

Le premier enseignement porte sur la nécessité de la diversification des ressources énergétiques et des sources d’approvisionnement. Il souligne, en effet, que le Maroc fait face à une dépendance énergétique de plus de 95% et son mix énergétique est par ailleurs dominé à hauteur de 80% par deux ressources : le pétrole (62%) et le Charbon (22%). Le recours à d’autres sources d’énergie est plus que nécessaire. Le recours au gaz naturel – déjà utilisé, mais à faible volume (4%) – est envisagé par le Maroc. Le Département de l’Énergie vient de rendre publique, en 2014, sa feuille de route pour le lancement d’une filière de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’horizon 2021. La mise en place de cette filière permettra aussi de s’affranchir de la dépendance à 100% vis-à-vis du gaz algérien.

Le deuxième enseignement sur lequel insiste le rapport appelle à la libéralisation du secteur de l’électricité. Le document souligne, dans ce sens, que la Turquie a pu doubler sa capacité installée, améliorer sa couverture géographique, réduire le nombre d’heures de pannes et soulager le budget de l’État grâce, entre autres, à l’ouverture de son secteur électrique. Au Maroc, ce secteur continue d’être dominé par l’ONEE, opérateur public, très présent dans la production, le transport, la fourniture de l’électricité et, dans une moindre mesure, dans la distribution. De la sorte, les rédacteurs du rapport proposent la libéralisation totale de la production et de la distribution ainsi que l’autorisation de création d’intermédiaires en vente et achat de l’électricité. Ce qui «pourrait favoriser un développement rapide du secteur, améliorer ses performances et desserrer la contrainte financière sur le budget de l’État».Le troisième enseignement concerne la mise en place d’un organe de régulation. «Libéralisation et régulation vont de pair.

Dans les quatre cas étudiés, le régulateur, en tant que garant du libre jeu de la concurrence et du respect de l’accès aux infrastructures de transport et de distribution, a joué un rôle-clé dans l’attrait de l’investissement privé», souligne le rapport. Et de préciser, dans ce contexte, qu’au Maroc, cet organe de régulation est plus que jamais nécessaire pour notamment définir les règles et modalités d’accès et de raccordement aux réseaux de transport et de distribution, ainsi que pour la définition d’une politique tarifaire transparente basée sur les coûts réels d’exploitation. Ce rôle est actuellement assumé par l’ONEE. Or compte tenu de la multitude de «casquettes» que l’Office porte dans le secteur de l’électricité, il est à la fois juge et partie.Le quatrième enseignement a trait au cadre juridique et au dispositif de soutien aux énergies renouvelables. Dans les quatre pays analysés, les énergies renouvelables sont considérées comme une réelle alternative aux énergies fossiles et une vraie opportunité de développement économique et industriel. De ce fait, le rapport estime qu’il y a urgence, pour le Maroc, à mettre en place une législation moins restrictive et plus favorable aux énergies renouvelables. Le pays dispose d’un gisement éolien estimé à 25.000 MW, dont 6.000 exploitables et plus de 3.000 heures d’ensoleillement. La loi 13-09 devra donc être modifiée pour offrir plus de garanties aux investisseurs.

Le cinquième enseignement souligne l’importance des interconnexions et échanges régionaux de l’énergie. Les quatre pays analysés ont développé les interconnexions et les échanges avec les pays voisins et sont tous interconnectés par le plus grand réseau du monde d’échanges et de flux énergétique (électricité et gaz). Le dernier enseignement a trait à la tentation des décideurs politiques de trop lier la stratégie énergétique et l’intégration industrielle locale. Le cas de l’Espagne et, dans une moindre mesure, celui du Portugal démontrent que cela peut s’avérer coûteux et fragile du point de vue économique. 

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