Spécial Marche verte

Premier jour d’examen sous le signe du jeûne

Double épreuve cette année pour nos étudiants. Le début du Ramadan, le 7 juin 2016, coïncidait avec le début des examens du baccalauréat. Mais si jeûner et passer des examens n’est pas incompatible, il faut s'organiser doublement durant cette période.

La fatigue et le manque de concentration peuvent être pénalisants au moment de passer l'examen.bPh. AICpress

07 Juin 2016 À 17:05

C’est la première fois depuis trente ans que les examens du baccalauréat se déroulent durant la même période du Ramadan. En effet, hier marquait à la fois le début du mois sacré du Ramadan et le début des épreuves du baccalauréat qui s’étaleront sur trois jours, jusqu’à jeudi. Entre la faim, la soif, le stress, le manque de sommeil et la pression familiale, la partie sera difficile et les bacheliers devront mettre les bouchées doubles, si l'on peut dire. Une situation qui s’avère aussi pénible pour les bacheliers que pour leurs parents. En effet, la perspective de passer l'examen à jeun et avec obligation de résultat ne peut qu'inquiéter les lycéens. En effet, devant un examen aussi déterminant que le baccalauréat, élèves et parents ont dû choisir entre le devoir religieux et l’avenir estudiantin et professionnel post-bac. Si pour certains parents, il n’est pas question que leur enfant se détourne du quatrième pilier de l’islam sous quelque prétexte que ce soit, d’autres ne se sont pas opposés à ce que leur enfant s'abstienne de jeûner durant ce premier jour d’examen. «J’ai dit à ma fille qu’elle pourrait rattraper ses journées à la fin du mois. Mais c’est à elle que revient la décision finale», indique une mère de famille qui déplore par ailleurs la mauvaise organisation des examens : «Nous avons aujourd’hui la possibilité de prévoir avec plus ou moins de précision les dates du Ramadan. Il aurait donc été plus judicieux, à mon avis, d’avancer ou de reporter les examens».

Comment s’organiser ?

Comment être efficace les jours d’examen, malgré les privations ? Hakim, qui passe le baccalauréat branche scientifique, a sa propre stratégie : «Le repas du matin est essentiel. Il n’est pas question de faire l’impasse dessus. J’ai donc bien mangé la veille et j'ai pris un bon petit déjeuner le jour des examens, vers 3 h». Ce petit déjeuner, explique Hakim, était composé d’un bol de soupe, d’une banane pour l’énergie, de tranches de pain complet tartinées de fromage, quelques dattes et plusieurs tasses de café «pour se donner un coup de fouet». Le bachelier affirme également ne pas s’être recouché après l’appel à la prière. «J’aurais été encore plus fatigué à mon réveil. À la place, j’ai utilisé le temps qu’il me restait avant l’examen pour réviser. De cette façon, tout était “frais” dans ma tête lorsque j’ai passé l’épreuve», raconte-t-il encore.

À noter que la majorité des jeûneurs interrogés affirment que les épreuves du matin sont les moins difficiles à surmonter. En effet, l’après-midi, alors que le dernier repas pris date déjà de plusieurs heures, la situation est plus dure, car la faim et la fatigue sont plus présentes. «Il faut habituer son organisme, les premiers jours sont les plus durs, après cela va tout seul», raconte un autre lycéen.

Du côté des spécialistes, ceux-ci conseillent aux bacheliers de se coucher le soir juste après avoir mangé et de mettre le réveil à sonner 1 h avant le «shor», pour prendre un nouveau repas avant la levée du jour. Pour ceux qui ont une épreuve le matin, faire une sieste juste après l'épreuve est de bon augure. Il faut absolument dormir 8 heures, même si c’est 4 heures la nuit et 4 heures la journée, assurent les spécialistes. En effet, en période d’examen un sommeil de qualité est primordial.

Bien dormir permet à notre cerveau de mieux gérer les informations récemment acquises. D'autres études confirment le rôle positif du sommeil non seulement sur la mémoire, mais également sur les performances d'apprentissage de la personne. Ainsi, il est désormais avéré qu'un individu retient mieux ce qu'il a appris avant de dormir qu'en début de journée. Mais attention à l'idée encore répandue qu'il est possible d'apprendre pendant son sommeil, par exemple en écoutant des enregistrements. Elle est totalement fausse : personne n'a jamais appris quoi que ce soit en dormant. Hélas ! la veille seule permet l'apprentissage, le sommeil organise en partie sa consolidation. 

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