14 Avril 2016 À 17:13
Une rencontre a récemment été organisée à Guelmim autour de la participation des personnes en situation de handicap à la vie publique. Pour rappel, les Nations unies définissent la personne à besoin spécifique comme un individu souffrant d’une grande difficulté ou d’un déficit total dans l’une des fonctions nécessaires pour accomplir des activités de tous les jours, telles que la vue, l’ouïe, la marche, la montée des escaliers, la mémorisation, la concentration et la communication dans le langage courant.
Le choix du lieu de cette rencontre n’est pas anodin puisque, selon les résultats du Recensement général de la population et de l'habitat, publiés en octobre dernier, la région Guelmim-Oued Noun abrite la plus grande proportion de personnes à besoins spécifiques avec un taux de 4,8%. Cependant, les souffrances physiques et morales vécues au quotidien par ces personnes et les membres de leur famille ne se chiffrent pas. Dans ce contexte, on pourrait penser que le handicap est une fatalité. Pourtant, certaines personnes ont pu faire fi de leur différence en affichant une détermination sans faille pour vaincre le destin. C’est le cas de Ahl Bih Khoyoul, originaire de Tan-Tan, dont le handicap a été salvateur : elle est devenue poète. Elle a donc profité de cette rencontre pour raconter son vécu à travers quelques vers. «J'ai été privée d'école pendant de nombreuses années, mais je suis parvenue toute seule à défier ceux qui voyaient en moi un fardeau pour la société. J'ai donc étudié et persévéré dans la voie de la connaissance, et me voici aujourd'hui poète, m'exprimant dans une langue hassanie et arabe authentique», a-t-elle déclaré.
Autre exemple parlant d'une personne ayant réussi à vaincre son handicap : Larbi Aderdour, qui a participé à cet événement à ses côtés, et qui est parvenu contre toute attente à pénétrer le cercle des décideurs locaux. Larbi Aderdour s'était en effet présenté avec succès aux dernières élections municipales à Tan-Tan. Il est aujourd’hui porte-voix des personnes à besoins spécifiques de sa région. De l'avis de cet élu local, le plus grand obstacle auquel les personnes handicapées font face est «le regard de la société qui demeure enfermé dans une vision stéréotypée empêchant les gens de réaliser leurs aspirations». Il note toutefois que cette vision commence à s'éroder à la faveur des acquis cumulés en matière de promotion des droits de cette catégorie de la population.
De son côté, Abderrahman Id Moqadem, président d'une association dédiée aux personnes handicapées à Guelmim et président de l'Union régionale des associations œuvrant dans le domaine du handicap dans la région de Guelmim-Oued Noun, a cité avec fierté les exploits sportifs de personnes à besoins spécifiques issues de la ville et de la région, notamment l'intégration, il y a quelques mois, de deux filles handicapées de la région par l'équipe nationale de basket-ball en fauteuil roulant. «Par ailleurs, nous avons récolté 19 médailles aux Jeux paralympiques nationaux à Ifrane en 2013, alors que nous avions fini deuxièmes des Jeux paralympiques en Grèce (2011) en tennis de table individuel et troisièmes dans la catégorie mixte de ce sport», s'est félicité M. Id Moqadem. Ce que ces jeunes filles et garçons ont accompli malgré leurs handicaps, a-t-il poursuivi, engendre un grand sentiment «de fierté et de joie et reflète leurs grands potentiels et capacités qui, hélas, ne bénéficient pas du soutien nécessaire, ce qui entrave les efforts déployés pour parvenir à une meilleure intégration sociale et une plus grande performance sportive».