21 Avril 2016 À 00:09
S.M. le Roi a rappelé, dans ce sens, que déjà, en 1975, des délégations d’Arabie saoudite, du Koweït, du Qatar, du Sultanat d’Oman et des Émirats, avec la présence marquante de S.A. Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nehyane, Prince Héritier d’Abou Dhabi, qui avait 14 ans à l’époque, ont participé à la Marche Verte lancée à l’époque pour la récupération des provinces du Sud du Royaume. Depuis lors, a ajouté le Souverain, les États du Golfe n’ont ménagé aucun effort pour faire triompher la Cause juste du Maroc et défendre la souveraineté du Royaume sur l’ensemble de son territoire, relevant la position que ces pays ont réaffirmée pendant la dernière crise avec le secrétaire général des Nations unies.
«Louange à Dieu, Paix et salut sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons, Mes Frères, Vos Majestés, Vos Altesses, Excellences,Je viens aujourd’hui, le cœur plein d’affection et de fierté, celles-là mêmes que Je ressens chaque fois que je Me rends dans la région du Golfe arabe. Mais Je voudrais, tout d’abord, exprimer Mes remerciements à notre frère, le Serviteur des deux Saintes Mosquées, le Roi Salmane bin Abdelaziz Al-Saoud, qui a bien voulu accueillir cet important Sommet, ainsi qu’à tous les Chefs d’État des pays du Conseil de coopération du Golfe, qui y participent.
Je tiens également à vous dire combien je suis fier et sensible au soutien matériel et moral que vous apportez au Maroc, dans la réalisation de ses projets de développement et la défense de ses justes causes.En effet, notre rencontre aujourd’hui traduit la profondeur des liens de fraternité et de considération qui nous unissent, et la solidité des relations de coopération et de solidarité qui existent entre nos pays.
Nonobstant les distances géographiques qui séparent nos pays, nous demeurons unis, grâce à Dieu, par des liens solides, qui ne reposent pas seulement sur la langue, la religion ou la civilisation, mais qui s’appuient également sur un attachement commun aux mêmes valeurs et principes et aux mêmes orientations constructives. Nous partageons aussi les mêmes défis et faisons face aux mêmes menaces, surtout dans le domaine sécuritaire. Mais pourquoi ce Sommet, le premier du genre ? Et pourquoi aujourd’hui précisément ?
Mes frères, Vos Majestés, Vos Altesses,Nous sommes parvenus, grâce à notre volonté commune, à poser les solides fondations d’un partenariat stratégique, issu d’un processus fructueux de coopération au niveau bilatéral. En effet, le partenariat entre le Maroc et les pays du Golfe n’est pas le produit d’intérêts conjoncturels ou de calculs éphémères. Il puise plutôt sa force dans la foi sincère en la communauté de destin et la concordance des vues concernant nos causes communes.
Nous nous réunissons donc aujourd’hui pour donner une forte impulsion à ce partenariat, qui a atteint un tel degré de maturité que nous nous devons, désormais, d’en développer le cadre institutionnel et les mécanismes opérationnels. C’est la meilleure démonstration que l’Action arabe commune ne se réalise pas à coups de réunions et de discours, ni au moyen de Sommets périodiques de forme, ou de résolutions toutes prêtes, mais inapplicables. En revanche, elle requiert des efforts soutenus et une coopération tangible, ainsi que le renforcement et l’exploitation judicieuse des expériences réussies, dont, et au premier chef, l’expérience pionnière du Conseil de coopération des États du Golfe arabe. C’est un message d’espoir pour nous-mêmes, et un signal fort pour nos peuples quant à notre capacité à élaborer des projets mobilisateurs communs.
Majestés, Altesses,Ce Sommet se tient dans une conjoncture délicate. La région arabe vit, en effet, au rythme de tentatives de changement de régimes et de partition des États, comme c’est le cas en Syrie, en Irak et en Libye, avec tout ce que cela comporte comme tueries, exodes et expulsions d’enfants de la patrie arabe. Après ce qui fut présenté comme un printemps arabe qui a occasionné tant de ravages, de désolations et de drames humains, nous voilà vivre aujourd’hui un automne calamiteux, avec le dessein de faire main basse sur les ressources des autres pays arabes et de briser les expériences réussies d’autres États, comme le Maroc, en portant atteinte à son modèle national original qui le distingue.
Nous respectons la souveraineté des États et respectons leurs choix et leurs orientations, pour établir et développer leurs relations avec les partenaires qu’ils veulent. Nous ne sommes pas ici pour demander, les uns aux autres, des comptes sur nos choix politiques et économiques. Il y a cependant de nouvelles alliances qui risquent de conduire à des divisions et à une redistribution des cartes dans la région. Ce sont, en réalité, des tentatives visant à susciter la discorde et à créer un nouveau désordre n’épargnant aucun pays, avec des retombées dangereuses sur la région, voire sur l’état du monde.
Pour sa part, tout en restant attaché à la préservation de ses relations stratégiques, le Maroc n’en cherche pas moins, ces derniers mois, à diversifier ses partenariats, tant au niveau géopolitique qu’au plan économique. Et c’est dans ce cadre que s’inscrit Notre visite réussie en Russie, le mois dernier, visite marquée par le développement de nos relations hissées au niveau de partenariat stratégique approfondi et par la signature d’accords structurants dans de nombreux domaines vitaux.
Nous nous acheminons également vers le lancement de partenariats stratégiques avec l’Inde et la République populaire de Chine, où Nous nous rendrons en visite officielle bientôt, si Dieu le veut. Le Maroc est libre dans ses décisions et ses choix et n’est la chasse gardée d’aucun pays. Il restera fidèle à ses engagements à l’égard de ses partenaires, qui ne devraient y voir aucune atteinte à leurs intérêts. C’est dire que la tenue de ce Sommet n’est dirigée contre personne en particulier, surtout parmi nos alliés. C’est une initiative naturelle et logique de la part d’États qui défendent leurs intérêts, comme le font tous les États. Il est un fait que nos frères du Golfe supportent le coût et les conséquences des guerres successives que connaît la région.
Majestés, Altesses,La situation est grave, surtout au regard de la confusion patente dans les prises de position et du double langage dans l’expression de l’amitié et de l’alliance, parallèlement aux tentatives de coups de poignard dans le dos. Que veulent-ils de nous ? Nous faisons face à des complots visant à porter atteinte à notre sécurité collective. Ceci est clair et n’a pas besoin d’analyse. Ils en veulent à ce qui reste de nos pays, qui ont pu préserver leur sécurité, leur stabilité et la pérennité de leurs régimes politiques. J’entends par là, les États du Golfe arabe, le Maroc et la Jordanie, qui constituent un havre de paix et de sécurité pour leurs citoyens, et un élément de stabilité dans leur environnement. Nous faisons face aux mêmes dangers, aux mêmes menaces, si variées qu’en soient les sources et les manifestations.
En effet, la défense de notre sécurité n’est pas uniquement un devoir commun, elle est une et indivisible. De fait, le Maroc a toujours considéré que la sécurité et la stabilité des pays du Golfe arabe sont indissociables de la sécurité du Maroc. Ce qui vous porte préjudice nous affecte aussi et ce qui nous touche vous touche également. Il s’est toujours attaché à le montrer en tout temps et en toutes circonstances en contrecarrant toutes les menaces auxquelles la région est confrontée, que ce soit lors de la première guerre du Golfe ou à l’occasion de l’opération de restauration de la légalité au Yémen, outre la coopération continue en matière de sécurité et de renseignement.
Mes Frères, Vos Majestés, Vos Altesses,Les plans d’agression attentatoires à notre stabilité se poursuivent toujours et ne cesseront pas. En effet, après avoir morcelé et détruit nombre de pays du Machreq arabe, les voilà qui s’en prennent aujourd’hui à son flanc occidental. Le dernier en date concerne les manœuvres orchestrées contre l’intégrité territoriale de votre deuxième pays, le Maroc.Rien de nouveau, puisque les adversaires du Maroc déploient tous les moyens, directs et indirects, dans leurs menées flagrantes. Ils tentent, selon les conjonctures, soit de délégitimer la présence du Maroc dans son Sahara, soit d’appuyer l’option de l’indépendance et la thèse séparatiste, ou encore d’affaiblir l’Initiative d’autonomie dont la communauté internationale atteste le sérieux et la crédibilité. Avec la persistance de ces manigances, le mois d’avril, qui coïncide avec les réunions du Conseil de sécurité sur l’affaire du Sahara, est devenu un épouvantail qu’on agite à la face du Maroc et, parfois, un moyen de pression ou d’extorsion.
Majestés, Altesses,Nous saisissons cette occasion pour vous exprimer la fierté et la considération que nous inspire votre soutien constant à notre pays dans la défense de son intégrité territoriale. En effet, les pays du Golfe ont toujours fait leur l’affaire du Sahara marocain et cela ne nous surprend guère de votre part. Car, déjà, en 1975, ont participé à la Marche Verte lancée à l’époque pour la récupération de nos provinces du Sud, des délégations d’Arabie saoudite, du Koweït, du Qatar, du Sultanat d’Oman et des Émirats, avec la présence marquante de Notre Frère, Son Altesse Cheikh Mohammed Bin Zayed Al-Nehyane, Prince Héritier d’Abou Dhabi, qui avait 14 ans à l’époque. Depuis lors, les États du Golfe n’ont ménagé aucun effort pour faire triompher notre Cause juste et défendre la souveraineté du Maroc sur l’ensemble de son territoire. Une position que vous avez réaffirmée pendant la dernière crise avec le secrétaire général des Nations unies.
Mais cette fois-ci, la situation est grave et inédite dans l’histoire de ce conflit artificiel suscité autour de la marocanité du Sahara. Les choses en sont arrivées au point d’engager une guerre par procuration où le secrétaire général des Nations unies est instrumentalisé pour essayer de porter atteinte aux droits historiques et légitimes du Maroc concernant son Sahara, comme en témoignent les déclarations partiales du responsable onusien et ses agissements inacceptables afférents au Sahara Marocain. Mais ne vous en étonnez pas, car dès lors que l’on connait les raisons, il n’y a plus de mystère. En effet, que peut faire le secrétaire général alors qu’il admet ne pas avoir une connaissance complète du dossier du Sahara marocain, comme c’est le cas pour de nombreuses autres affaires ? Mieux encore, il ignore le détail des développements et les véritables dessous du dossier.
Par ailleurs, que peut faire le secrétaire général alors qu’il est l’otage de certains de ses collaborateurs et de ses conseillers, auxquels il délègue la supervision de la gestion de nombre de dossiers importants, en se contentant, lui, d’appliquer les propositions qu’ils lui présentent ? L’on sait aussi que certains parmi ces fonctionnaires ont des parcours nationaux et des backgrounds politiques particuliers, et qu’ils servent les intérêts d’autres parties, sans respect de l’obligation de neutralité et d’objectivité à laquelle ils sont tenus du fait de leur appartenance à l’Organisation des Nations unies, et qui se trouve être le fondement de l’action onusienne. En effet, le secrétaire général, en dépit de l’estime personnelle que Nous lui portons, n’est en définitive qu’un homme. De ce fait, il lui est impossible de cerner toutes les affaires soumises aux Nations unies et de trouver les solutions qu’il faut à toutes les crises et à tous les différends qui éclatent dans le monde.
Je tiens ici à souligner que le Maroc n’a aucun problème ni avec les Nations unies dont il est un membre actif, ni avec le Conseil de sécurité dont il respecte les membres avec lesquels il interagit en permanence. Le problème est, plutôt, avec le secrétaire général, et plus particulièrement avec certains parmi ses collaborateurs en raison de leurs positions hostiles au Maroc. Le Maroc a toujours coordonné, au sujet ce conflit artificiel suscité autour de son intégrité territoriale, avec ses amis traditionnels, comme les États-Unis d’Amérique, la France et l’Espagne, et avec ses frères arabes, notamment les pays du Golfe, et africains comme le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Gabon.
Mais le problème reste posé avec les responsables des administrations qui changent en permanence dans certains de ces pays. À chaque changement, il faut déployer de grands efforts pour informer ces responsables du dossier du Sahara marocain, de toutes ses dimensions et de ses véritables dessous et leur rappeler que ce conflit, qui dure depuis plus de quarante ans, a fait de nombreuses victimes et occasionné d’importants coûts matériels, et que le dossier du Sahara est l’affaire de tous les Marocains, et non seulement celle du Palais Royal.
Majestés, Altesses,L’heure de la sincérité et de la vérité a sonné. Le monde arabe traverse une période critique, car ce que vivent certains pays n’est pas une exception, mais il s’inscrit plutôt dans le cadre de plans programmés qui nous visent tous. En effet, le terrorisme ne fait pas que nuire à la réputation de l’islam et des musulmans. Certains s’en servent aussi comme prétexte pour diviser nos pays et pour y semer la zizanie. Cette situation exige d’ouvrir un débat franc et profond entre les différents rites pour corriger les mystifications, mettre en lumière la véritable image de l’Islam et réactiver les valeurs de tolérance qui sont les nôtres. Il ne s’agit pas d’une affaire liée à un pays donné, mais bien de notre besoin d’une prise de conscience collective par rapport à ces défis et d’une volonté réelle de renouveler notre pacte stratégique scellé avec nos partenaires selon des termes bien définis devant régir nos relations pour les décennies à venir.Nous vivons une période charnière entre ce que nous voulons et ce que les autres veulent que nous soyons. Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de positions unies et claires rassemblant tous les pays arabes. Car, soit nous nous agrégeons les uns aux autres comme une seule entité et à l’image d’une structure bien charpentée, soit nous serons à l’inverse de ce que nous voulons être. Puisse Dieu guider nos pas dans l’intérêt bien compris de nos peuples et de notre Oumma. Wassalamou Alaïkoum Warahmatullahi Wabarakatuh.»