11 Août 2016 À 18:15
Des ruelles fleuries, des jardins bien entretenus, de belles fresques murales, un bleu reflétant le bonheur et la paix, une ambiance paisible. Nous sommes bien à Asilah, la charmante ville balnéaire qui invite à la détente et la déambulation. Cette cité du Nord a su préserver son cachet authentique. Les ruelles étroites de son ancienne médina rappellent la beauté des îles méditerranéennes. On s’y laisse facilement emporter par le bleu «nila» des murs, des portes et des fenêtres, mais aussi par les mystères de ses dédales. Que l’on vienne pour la première ou pour la nième fois, on ne se lasse jamais de la promenade dans la Casbah et dans les allées menant à «Bab El Bhar» (la porte de la mer) ou aux remparts portugais, d’où on peut contempler l’océan bleu. On peut également admirer les barques de pêche mouillant dans le port traditionnel. Malgré ses modestes dimensions par rapport à d’autres villes du Royaume, Asilah est chargée d’histoire. Colonie des Carthaginois, elle fut baptisée Zilis. Durant les guerres puniques, la population prit le parti de Carthage.
Après leur victoire, les Romains déportèrent les habitants en Espagne et repeuplèrent la ville avec des Ibères. Ce fut le début d’une longue histoire commune entre Asilah et l’Espagne, ponctuée de nombreuses batailles. En 1471, elle tomba entre les mains des Portugais, auxquels la Médina doit ses remparts actuels. La ville revient ensuite sous contrôle espagnol. Asilah fut conquise plus tard par les Marocains, puis reprise par les Espagnols et de nouveau par Moulay Ismaïl en 1691. Cette histoire tumultueuse a fait d’Asilah une ville singulière. De même, l’hospitalité, la spontanéité et la simplicité de ses habitants en font une destination exceptionnelle.«La population locale est formée principalement de gens simples qui ne font pas beaucoup de voyages, mais ont un savoir-vivre et manifestent une tolérance envers les autres», nous confie une jeune Zaylachi. Malgré leur ouverture d’esprit, leur sens du partage et leur amour pour les veillées nocturnes, les habitants d’Asilah ont su sauvegarder leurs traditions.
Comme un orchestre, on les voit se préparer pour les fêtes religieuses, les mariages ou les soirées. Aucune fausse note ne vient perturber l'équilibre de cette ville. Tout est accordé, en parfaite harmonie, même en été, quand les touristes affluent en masse. Malgré son attachement aux traditions, Asilah a beaucoup évolué au fil des années. Selon Mohamed Benaïssa, président du conseil municipal local, la ville regorgeait d’ordures dans les années 70. Elle manquait des infrastructures et des services les plus basiques, comme une pharmacie. Grâce au conseil municipal et à la fondation du Forum d’Asilah, initiatrice du Moussem culturel international d’Asilah, la ville s’est transformée en un havre de paix et est aujourd'hui bien équipée. Les élus et la fondation travaillent en étroite collaboration pour mettre en place de nouveaux projets comme le Centre Hassan II, la bibliothèque Bandar, l’École des beaux-arts, le musée en construction, la gare routière, l’habitat social… Ils ont misé sur l’art pour mettre à niveau leur ville. «L’art et la culture pour le développement» est le slogan du Moussem. Il faut dire que les habitants de cette belle cité ont un sens artistique très développé. Leurs enfants suivent gratuitement des cours de musique et d’art plastique. La ville mise aussi sur ses petits pour ancrer sa vision du progrès.
Selon Mohamed Benaïssa, la sensibilisation des enfants a permis de sauvegarder les fresques murales faites par de grands artistes et de mettre fin aux ruelles polluées. Actuellement, la municipalité d’Asilah cofinance avec la Fondation le nettoyage de la ville. Les deux partenaires œuvrent également pour améliorer l’état des routes, de l’éclairage, du raccordement au réseau d'eau potable… Une zone industrielle est en construction en partenariat entre la municipalité et l’Agence de développement du Nord. On refait aussi le port en partenariat avec l’Agence nationale des ports. «La ville a beaucoup changé. J’ai remarqué que même des boutiques dédiées auparavant aux produits importés d’Espagne sont reconverties en commerce interne», nous confie un fidèle touriste casablancais. En effet, Asilah connait un grand changement, mais celui-ci n'altère pas pour autant son cachet original.