18 Janvier 2016 À 17:55
Si vous faites nettoyer à sec vos vêtements ou habitez près d’un pressing, vous risquez d’attraper un cancer. Ce qu’on pourrait appeler le «cancer du pressing» est causé par un solvant liquide appelé communément le perchlo, utilisé dans les nettoyages à sec. En 2012, Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) avait alerté le ministre de la Santé, El Hossein El Ouardi. L’alerte du Centre était alarmante et sans équivoque. «Une enquête effectuée par le CAPM dans les pressings de nettoyage à sec au Maroc a confirmé que ce produit est utilisé dans les pressings. D’autre part, il n’existe aucune législation des installations des pressings au Maroc. Le CAPM interpelle les autorités marocaines pour évaluer le danger potentiel sur la santé et l’environnement, lancer les normes et les procédés adéquats et interdire son utilisation dans les pressings. Les travailleurs au niveau des pressings doivent être informés du risque majeur et des répercussions de son l’utilisation. À l’instar de ce qui a été décidé au niveau international, ce produit doit être localement interdit dans les pressings», ont formulé les enquêteurs du CAPM en 2012.
Qu’en est-il aujourd’hui, 4 ans après l’émission de cette alerte ? Rien. Contacté par nos soins, le Centre regrette que leur alerte n’ait pas été prise au sérieux puisque ni le ministère de la Santé ni celui du Commerce et de l’industrie n’ont pris les dispositions nécessaires pour interdire ce produit cancérigène. «Nous allons envoyer début 2016 une autre alerte pour relancer le ministère de la Santé et l’interpeller quant à la dangerosité du tétrachloroéthylène appelé aussi perchloroéthylène (perchlo ou PCE). Ce produit est utilisé dans les procédés de nettoyage à sec et représente un danger avéré pour la santé et l’environnement», nous confie un responsable du CAPM. Nous avons tenté d’avoir l’avis du ministère de la Santé sur la question, mais nos demandes d’informations sont restées sans réponses.
Quels sont les effets du perchlo sur la santé des Marocains ? Il s’agit en effet d’un solvant liquide, volatil et incolore appartenant à la famille des hydrocarbures halogénés. En cas d’utilisation inappropriée, l’exposition peut provoquer des irritations muqueuses et cutanées, des signes neurologiques (céphalées, convulsions, vertige, désorientation) et des signes digestifs (nausées, vomissements, diarrhées). Une irritation du tractus respiratoire est également possible avec risque d’œdème pulmonaire. «La manipulation du produit peut être responsable, par ailleurs, d’atteinte hépatique, rénale et cardiaque. L’effet cancérigène a été confirmé par des experts de l’Union européenne suite à une évaluation approfondie, fondée sur des études toxicologiques et épidémiologiques», précise le Centre antipoison. On parle également de risque de développement des symptômes de la schizophrénie.