L'humain au centre de l'action future

«Les Marocains n'ont pas besoin de prendre des cours pour devenir humoristes»

02 Juillet 2017 À 15:52

Le Matin : Vous participez cette année pour la troisième fois au Marrakech du rire, que représente ce festival pour vous ?Rachid Badouri : Il représente énormément, surtout pour un Québécois d'origine marocaine comme moi. C'est un retour aux sources. On peut voyager et faire des spectacles dans plusieurs endroits autres que le Québec, mais lorsqu'on arrive au Maroc, il y a un sentiment d'appartenance très présent. Cela fait un peu cliché, mais à chaque fois que j'annonce à mon papa le Marrakech du rire, c'est comme si je lui disais que je gagnais un oscar.

Est-ce que vous puisez toujours votre humour dans votre double culture ?Avant, la communauté maghrébine au Québec n'était pas très importante en termes de population. C'était important pour moi que les Québécois connaissent mes origines marocaines et berbères. Et c'était important de le communiquer en passant par des blagues.

Qui sont les personnes qui vous inspirent ?Dans mon deuxième spectacle, que je présenterai à Marrakech, il y a de nouveaux personnages inspirés de personnes réelles, mais malheureusement, ils ne font pas leur bonheur. Ma femme fait partie des personnages de mon spectacle. Quand elle l'a vu pour la première fois, elle a failli pleurer de tristesse. Maintenant, les gens refusent de me parler, car ils ont peur de devenir des personnages de mes spectacles. Je parlerai aussi de mon mariage. Dans ce nouveau spectacle, il y a également le décès de ma mère, dont je parle avec délicatesse et avec soin. L'humour m'a servi de thérapie. J'espère qu'il aidera les gens qui passent par les mêmes conditions.

Quel est le thème général de ce nouveau spectacle ?«Badouri rechargé» est le titre du spectacle. Il est rechargé d'histoires et d'anecdotes à raconter et j'ai hâte de les raconter au public marocain.

Et vous serez toujours aussi actif sur scène ?Oui, le jour où je ne serai plus actif, je serai dans une boîte en bois. J'ai besoin de prendre la scène au complet. Je ne peux pas rester inactif. Le public qui aime voir bouger sur scène sera satisfait.

Comment préparez-vous vos sketchs ?Les humoristes ont un sens de l'observation très développé. J'observe beaucoup et dès qu'il y a quelque chose qui sort de l'ordinaire, il y a un avertisseur qui sonne et je sais que c'est une idée de sketch. Quand j'ai emménagé à Paris pour présenter mon spectacle en France, je voyais tout le temps des idées de sketchs. Je m'inspire des discussions des gens ou des situations. À titre d'exemple, je parle dans mon nouveau spectacle de la journée ou je suis parti faire une irrigation du colon et pour quelqu'un de très pudique comme moi, je me suis dit que c'était irréel ce que j'étais en train de vivre et j'en ai fait un sketch.

Est ce qu'il y a des thèmes précis qui font rire le public marocain plus que d'autres ?Quand j'arrive au Maroc 24 h avant le spectacle, j'ai déjà quatre ou cinq blagues à raconter. Les Marocains sont des personnages quand ils s'énervent, quand ils rigolent... Ils n'ont pas besoin de prendre des cours pour devenir humoristes, c'est dans leur nature.

Est-ce que ces critères en font un public difficile à satisfaire ?Pas du tout, le public marocain est chaud. Le besoin de rire est très présent au Maroc. Vous remarquez que les plus grands humoristes sont des Marocains, comme Jamel Debbouze et Gad Elmaleh. Pendant le mois du ramadan, les émissions qui marchent sont celles qui font rire.

Quels sont vos projets après le Marrakech du rire ?Les vacances (rire). Après ce festival, je participerai au gala du festival «Juste pour rire» à Montréal. Ensuite je retournerai en France. On est en écriture pour mon troisième spectacle. Je lis aussi des scénarios pour des projets de films, mais rien n'est encore décidé. 

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