29 Juin 2017 À 19:44
Et pour cause, elle touche de très près le quotidien du citoyen que le photographe Soufyane a approché dans son espace public en prenant des photos spontanées. Car le jeune photographe n’aime pas les compositions, démarche qui, selon lui, fait perdre à la photo son âme et sa certitude. Soufyane estime mettre en lumière «la réalité des rues marocaines, la complexité de la société et la dichotomie dans laquelle nous vivons pendant la période du ramadan. Entre agitation et léthargie, il capture des instants opposants calme plat, bouillonnement et colère». C’est ce qui a donné lieu à cette «#Tramdina», une série de clichés où les gens peuvent redécouvrir des scènes de rues qu’ils ont l’habitude de voir pendant le mois sacré. Mais, cette fois-ci, elles sont figées et invitent à un autre regard plus profond et plus pertinent. Cet acteur associatif et chef de projet à la Fondation Heinrich Böll s’est passionné, depuis quelques années, pour la photo et prend plaisir à saisir des scènes publiques de la vie quotidienne. Pour sa première exposition, fruit d’un projet entamé en 2015, Soufyane Fares a choisi de présenter une collection de photos prises en plein ramadan qu’il a nommée «#Tramdina» mettant en exergue «l’état d'esprit mi-léthargique mi-énervé dans lequel sont plongés certaines personnes pendant le mois du ramadan, ou simplement à l’opposé l’état d’introspection personnelle rendant les gens plus calmes et plus dans une posture de contemplation». Des scènes que tout un chacun a sûrement déjà observées ou vécues, mais auxquelles on ne donne pas trop d’importance dans notre quotidien. Mais à les voir sur les photos de Soufyane, cela donne à réfléchir et parfois nous arrache un bon sourire.
Ce sont ces moments de cette réalité ancrée dans notre quotidien que le photographe désire immortaliser pour dire que ces images peuvent bien constituer des moments de notre vérité qu’on oublie bien souvent. Et pour dire aussi que cet espace est aussi beau et complexe par sa composition que par l’être humain qui l’investit. Pour Soufyane, «le sujet de ces scènes de rue représente une invitation au grand public à un moment de réflexion sur le vécu quotidien des Marocains dans leur espace public/commun. Une manière d’interroger le public sur des scènes où il se reconnaît. Pour ce premier jet, je me suis focalisé sur un phénomène que nous vivons dans une période de l’année, et qui se manifeste de manière flagrante dans la rue. Beaucoup de gens vont sûrement se reconnaître sur ces photos», explique le photographe. Ce jeune artiste talentueux, habité depuis quelques années par la photographie, souhaite poursuivre cette quête artistique afin d’explorer d’autres univers de l’être humain.
«Je prends souvent des photos dans la rue et j’avais envie de les partager avec le large public. La réussite de cette première exposition me réjouit énormément. Ce qui me pousse à continuer dans ce projet très passionnant et à partager davantage d’images. C’est pour moi une passion à travers laquelle j’aimerais vulgariser certains sujets de la société, comme la présence de la femme et de l’homme dans l’espace public. C’est une manière d’immortaliser certains moments chargés de beaucoup d’émotion, puis des sujets de notre quotidien qui invitent les gens à les interpréter chacun à sa manière et à partir de son point de vue», renchérit-il.