17 Novembre 2017 À 20:55
Les appels qui ont rythmé le déroulement des négociations dès leur lancement le 6 novembre, avec le transfert de la présidence marocaine de la COP 22 aux Fidji, un État insulaire représentant les pays du Pacifique fortement vulnérables aux effets des changements climatiques, a été réitéré particulièrement dans les Déclarations des Chefs d’État et de gouvernements à l’ouverture du segment de haut niveau de la COP 23 qui a été maqué par la présence de S.A.R. la Princesse Lalla Hasnaa qui représentait S.M. le Roi Mohammed VI.
Pays développés et en développement ont réaffirmé leur détermination à respecter leurs engagements issus de l’Accord de Paris voire à rehausser les ambitions de cet accord historique qui vise à limiter la hausse de la température mondiale en dessous de 2 degrés Celsius et à s'efforcer de ne pas dépasser 1,5 °C.
La COP 23, qui tend à avancer sur l'élaboration du règlement d'opérationnalisation de l'Accord de Paris, intervient alors que de récents rapports alarmants, publiés par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM), semaient le doute quant à la possibilité d’atteindre l'objectif de maintenir le réchauffement en dessous de 2 °C.
Pour relever ce défi, l’ONU et les Parties à la convention onusienne insistent sur l’impératif du respect par les pays riches de leur engagement de mobiliser 100 milliards de dollars par an d'ici à 2020 pour aider les pays en développement à s’adapter aux conséquences néfastes des gaz à effets de serre.
Alors qu'une plus grande ambition en matière de réduction des émissions, d'adaptation et de résilience «est inextricablement liée au financement», le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis l'accent sur l'impératif de «mobiliser chaque année les 100 milliards de dollars annuels convenus pour les pays en développement».
Le chef de l’ONU mettait en garde contre les investissements dans les énergies fossiles qui promettent «un avenir insoutenable», au moment où les estimations font état d’«un montant de 825 milliards de dollars investi en 2016 dans les énergies fossiles et les secteurs générant des émissions élevées de gaz à effet de serre».
La même position a été relayée par le président de l'Assemblée générale des Nations unies, Miroslav Lajcak, qui a exigé une action d’urgence, dans le cadre d’une démarche collective, pour respecter les accords conclus, d’autant plus que les rapports montrent qu’«on est en retard».
«Cette situation est inacceptable. Les populations continuent de souffrir», a-t-il relevé, en exhortant particulièrement les pays riches de s’acquitter de leur devoir envers les pays en développement.
Faisant écho à cet appel, la chancelière allemande, Angela Merkel, convaincue que le changement climatique est le défi suprême de l’humanité, a affirmé que les pays industrialisés, qui sont de plus en plus conscients des enjeux climatiques, ont la responsabilité historique de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Appelant à un front commun pour mettre en œuvre l’Accord de Paris, Mme Merkel a notamment mis en avant le partenariat co-présidé par le Maroc et l'Allemagne, lancé l’année dernière à Marrakech pour aider à mettre en oeuvre les plans d'action climat nationaux (NDC).
Ce partenariat, qui englobe une cinquantaine de pays développés, de pays en développement ainsi que des institutions internationales, vise à «s'assurer que les pays reçoivent le soutien technique et financier dont ils ont besoin pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux». De son côté, le Président français, Emmanuel Macron, a souligné l’impératif d’aider les pays les plus vulnérables à gérer l’impact des changements climatiques, appelant à fédérer les énergies et réunir un maximum de financements notamment à l’occasion du Sommet international sur le climat qui aura lieu le 12 décembre prochain à Paris «pour être au rendez-vous de la transition environnementale indispensable».
Au niveau européen, le président français a appelé à respecter l’engagement pris pour réduire les émissions des gaz à effet de serre et à favoriser la montée en puissance des énergies renouvelables.
Du côté africain, le Président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a souligné l'urgence d’adopter «une feuille de route claire» pour faire face aux challenges liés aux effets du dérèglement du climat, «terrain sur lequel se joue le destin de l’humanité», affirmant que les pays africains considèrent que la COP 23 doit être celle de la mise en œuvre de l’Accord de Paris.
Déplorant que la date déjà fixée pour finaliser le plan de travail d’ici 2018 «se rapproche et l’horizon s’éloigne toujours», le Chef de l’État gabonais a fait part de «l’extrême préoccupation de l’Afrique face à la recrudescence des catastrophes liées aux effets néfastes du réchauffement planétaire». Le Président gabonais, qui s’exprimait en sa qualité de coordinateur du Comité des Chefs d’État et de gouvernement africains sur les changements climatiques (CAHOSCC), a assuré que l’Afrique «s’engage plus que jamais à adapter son développement aux défis qui nous attendent, dont la réduction des émissions de carbone, le développement durable et la construction d’un monde résilient».
Alors qu’il ne restait que deux jours de négociations, le président fidjien de la COP 23 Frank Bainimarama a avait lancé un appel aux parties à «mettre le cap pour atteindre notre destination». Tout en saluant la «percée historique» avec la conclusion, il y a deux ans, de l’Accord de Paris ainsi que son entrée en vigueur rapide à l’occasion de la COP 22 à Marrakech, il a insisté à l'adresse des Chefs d’État et de gouvernement présents que «nous avons la responsabilité d’agir pour l’intérêt des populations que nous représentons et celui des générations futures».
À l’ouverture de la Conférence de Bonn, le président sortant de la COP 22, Salaheddine Mezouar, avait souligné que le Maroc est résolument engagé à poursuivre son action pour le climat en vue de conforter les résultats concrets réalisés sous son mandat à la tête de la présidence de la 22e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Marrakech. «Aujourd’hui, le Maroc reprend sa place en tant que Partie au sein de sa famille africaine, de ses autres groupes et de la communauté globale.
En tant que pays, nous continuerons à nous engager résolument dans l’action pour le climat», avait-il dit. Constatant sur la base du dernier rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement que les contributions déterminées des pays au niveau national «ne nous feraient rencontrer que le tiers du chemin pour atteindre l’objectif d’être bien en deçà de 2 degrés Celsius», il a lancé que «cet état de fait est tout simplement inacceptable pour notre planète et, en particulier, les plus vulnérables».
«Malgré les efforts positifs consentis par l’ensemble des Parties, nous devons en faire davantage», a-t-il ajouté, soulignant l’importance du pré-2020 pour notre action pour le climat et le développement durable. D’où son appel à tous les pays à agir résolument dans ce cadre, par principe de solidarité, d’efficience et d’efficacité. S’inscrivant dans la continuité de l’esprit de la COP 22 de Marrakech, la présidence fidjienne de l'actuelle COP plaçait comme priorité la préservation du consensus multilatéral dégagé dans le cadre de l'Accord de Paris pour des réductions substantielles des émissions de carbone, avec l’ambition de maintenir l'élan actuel pour la mise en œuvre de l’Accord par le biais d’une série d’actions climatiques qui requiert l’implication de tous.