27 Octobre 2017 À 18:29
Cette soirée inaugurale haute en couleurs et invitant au bonheur du Vivre- ensemble a réuni Abderrahim Souiri et le rabbin Haïm Louk, qui étaient tous deux accompagnés de l’orchestre tétouanais de Mohamed Larbi Temsamani, dirigé par le grand maître Mohamed Amine El-Akrami. Le chant de chacun de ces artistes était saisissant. Abderrahim Souiri a touché le public par sa voix exceptionnelle, alors que Haïm Louk l'a charmé par une voix de ténor somptueuse. Originaire de Casablanca, ce dernier a apporté une contribution conséquente au renouveau de la musique marocaine en approfondissant ses relations avec la tradition arabo-andalouse. Lors de cette soirée conviviale, Haïm Louk a chanté tendrement une douce mélodie en hébreu avant que Souiri lui réponde en arabe avec des inflexions très légèrement différentes.
Cette soirée s'est prolongée au-delà de minuit, cette fois-ci à Dar Souiri, avec l’art musical ancestral du «Samaâ» et «Madih» et l’ensemble «Haj Marina». Consacré au patrimoine musical commun judéo-arabo-andalou, lieu de mémoire, d’émotion et de fête, le Festival des Andalousies Atlantiques rappelle un passé de métissage culturel et ethnique propre à la Cité des Alizés, ville symbole de diversité et de tolérance et lieu unique où se rencontrent de multiples influences : arabe, berbère, hébraïque, africaine et européenne.
Ce rendez-vous incontournable dans l’agenda d’Essaouira offre, trois jours durant, outre des colloques matinaux et des débats autour de la richesse et de la diversité des métissages culturels, une douzaine de concerts plus exaltants les uns que les autres. Le public retrouvera Raymonde El-Bidaouia, l’icône emblématique de la tradition musicale marocaine la plus populaire, la plus chaleureuse et la plus émouvante, qui a fait le choix de la Cité des Alizés pour reprendre le répertoire du chaâbi, du chgouri et du melhoun. Un répertoire et une diversité auxquels ne manquera pas de faire écho Mercedes Ruiz, élue en 2015 danseuse étoile du flamenco en Espagne et invitée à Essaouira avec ses musiciens et chanteurs pour donner tout son éclat à ce fil de lumière de la modernité et de la convivialité qui constitue l’ADN de ce Festival. L’autre moment de choix de cette édition est le duo inédit entre le rabbin David Menahem et la chanteuse palestinienne Loubna Salama, réunis pour chanter l’espoir et la paix.
Dans le même registre de l’émotion et de la résilience, le festival programme cette année une soirée singulière où se rencontrent les traditions soufies musulmane et juive. Une rencontre pour une soirée de «Baqqachot» autour de récitants de l’école rabbinique marocaine la plus authentique, réunis pour rendre hommage aux deux plus grands poètes et chantres souiris de la fin du 19e et début du 20e siècle : rabbi David Iflah et rabbi David Elkaïm.r>Des retrouvailles et un «matrouz» précieux devraient également intervenir tout au long de cette fête de l’altérité et de la diversité. Ils sont portés par les voix et le talent de Zeineb Afailal de Tétouan, Abir El-Abed de Tanger, Fatima Zohra Qortobi de Rabat et Marouane Hajji de Fès. Sont aussi de la fête, certains jeunes, à peine adolescents, comme Shalom Ivry en duo avec Nouhaïla El-Kalaï, ainsi que plusieurs chorales impressionnantes, dont la chorale «Andalucia», celle des Écoles andalouses souiries et la chorale Azhar Al-Andaous. Créé par André Azoulay, président fondateur de l’Association «Essaouira-Mogador», le Festival des Andalousies Atlantiques s’appuie sur la culture pour véhiculer les valeurs de tolérance, de paix et du vivre ensemble, comme il ambitionne de fêter et de partager l’authenticité et la très riche diversité du patrimoine culturel et musical marocain.