14 Février 2017 À 21:17
L’Institut national de la recherche halieutique (INRH) a réalisé une enquête de terrain afin d’avoir une estimation du poids de l’informel de la pêche des petits pélagiques, poissons vivant près des rivages et qui constituent l’essentiel des débarquements. «Sachant que les débarquements de cette activité ne sont jusqu’à présent que partiellement déclarés, les quantités réellement pêchées sont supérieures aux statistiques actuelles qui s’élevaient à 11.000 tonnes en 2014. Selon les estimations faites à partir des enquêtes de l’INRH, elles pourraient atteindre une production annuelle d’environ 43.000 tonnes, ou même plus selon les modèles statistiques», est-il écrit dans un document de juillet 2016 et réalisé par l’INRH intitulé «Place de la pêche artisanale dans l’exploitation des petits pélagiques au Maroc».
À titre d’exemple, dans la région méditerranéenne ouest, entre Jebha et M’diq, la production pourrait atteindre, selon l’INRH, jusqu’à 1.639 tonnes alors que les statistiques officielles n’en que mentionnent 426. Autre exemple édifiant sur l’importance de l’informel dans ce type de pêche et qui concerne cette fois-ci l’Atlantique Centre, entre Safi et Boujdor : «Alors que les statistiques relèvent une production de 10.270 tonnes de petits pélagiques pour toute la région en 2014, l’INRH estime d’après les enquêtes que la production pourrait atteindre jusqu’à 25.000 tonnes, ce qui représenterait environ 4% de la production totale en petits pélagiques de la région». Selon ces enquêtes directes, la production pélagique du segment artisanale pourrait aller jusqu’à 25% en Méditerranée, 20% en Atlantique Nord et 4% en Atlantique Centre. L’enquête aborde également le rôle socio-économique de l’activité de la pêche artisanale ciblant les petits pélagiques a un poids social considérable. Selon l’INRH, cette activité fournit 10.000 emplois directs, soit 8 à 9 marins par unité de pêche en moyenne. «Les chiffres d’affaires annuels par unité de pêche, variables d’une région à l’autre, se situeraient entre 110.000 et 500.000 DH». Cela fait un salaire mensuel compris entre 750 et 2.600 DH par marin. L’INRH conclut que «l’une des raisons de ces faibles revenus est l’emploi d’un nombre élevé de marins par les unités qui pratiquent ce métier, 8 à 9 personnes en moyenne, contre 3 pour les activités démersales». Les espèces démersales sont les poissons qui vivent au-dessus du fond comme la dorade, le merlu, le merlan, la morue… «Il est clair que la non-reconnaissance officielle de cette activité par les autorités entraine l’absence d’obligation de déclaration des débarquements qui sont destinés, dans la majeure partie des cas, à la consommation locale», estime l’INRH.