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L’univers de Hosseïn et Chaïbia Talal revisité à Casablanca

Les cimaises de l’espace d’art Actua, de la Fondation Attijariwafa bank de Casablanca accueillent actuellement une série d’œuvres des artistes Chaïbia Tallal et Hosseïn Tallal, deux figures de proue de l’art contemporain marocain. Intitulée «Chaïbia et Hosseïn Tallal, une œuvre en miroir», cette exposition, dont le vernissage a eu lieu jeudi, met en scène pour la première fois au Maroc les deux artistes en un jeu de miroir où se mêlent, entre la mère et le fils, et les mille et une facettes saillantes de la palette riche des deux plasticiens.

L’artiste-peintre Hosseïn Tallal, lors du vernissage de l’exposition.

10 Février 2017 À 18:30

Chaïbia et Hosseïn Tallal, deux grands noms de l’art contemporain marocain. Entre les deux, plus de cinquante ans de vie partagée, doublée d’une vocation artistique et d'une affection mutuelle sans bornes. Pour la première fois au Maroc, la Fondation Attaijariwafa bank rassemble les deux artistes dans un jeu de miroir saisissant, le temps d’une exposition de rare pureté. «Douze ans après le décès de l’illustre peintre marocaine Chaïbia Tallal en 2004, la Fondation Attijariwafa bank tenait à rendre un singulier hommage à celle qui, légende vivante de l’art marocain, nous a toutes et tous touchés par sa spontanéité sans égale et son engagement en tant que femme, mère et artiste, faisant rayonner l’art dans le cœur des Marocains et dans celui des amoureux de l’art dans le monde entier.

À ses côtés, Hosseïn Tallal s’est, très jeune, illustré par une peinture hors des sentiers battus, comme il s’est dévoué toute sa vie à l’œuvre de sa mère et à la construction de sa renommée de par le monde», indique à ce propos Ghita Triki, responsable du pôle art et culture de la Fondation Attijariwafa bank et commissaire de l’exposition. Cette exposition donne à voir et à apprécier de nombreux témoignages filmés d’intellectuels et de personnalités de la culture tels que Fatima Mernissi, Ahmed Taïeb El Alj, Tayeb Seddiki, Ahmed Jaride… et proposera une immersion dans l’univers de deux artistes d’exception : Chaïbia avec ses formes libres d’une spontanéité toujours renouvelée, conjuguées à un expressionnisme dramaturgique ancré chez Hosseïn Tallal. «Au fil de l’observation des œuvres, nous avons aussi voulu faire de l’omniprésence du regard chez les deux artistes un trait d’union. Palpable et frontal, le regard des personnages figurés est mis en évidence, notamment dans une gouache de Chaïbia intitulée “Homme pauvre”, en vis-à-vis de plusieurs peintures de Tallal de la série “Artiste voyageur de nuit”. Comme dans un dialogue muet entre le spectateur, Chaïbia et Tallal, le regard offre également une des clés possibles d’entrée dans cette exposition», poursuit Ghita Triki.

Pour la commissaire, afin de ressentir et comprendre la relation entre les deux artistes, l’exposition voudrait également suggérer l’empreinte marquante des lieux où ils ont vécu. Ainsi, il a été privilégié de recréer des atmosphères vivantes faisant appel à des objets vibrants d’émotion et de mémoire. Cependant, les enjeux de cette exposition se sont avérés complexes. Il s’agit, selon Ghita Triki, d’exposer deux styles bien distincts, de manière harmonieuse et équilibrée, et d'offrir une clé de lecture simultanée de l’œuvre des deux artistes, de leur relation ainsi que de leur histoire commune. Ainsi, d’une peinture à l’autre, se reflètent – ou se confrontent –, les tons opaques et pénétrants des peintures de Tallal, dans ceux, éclatants et toujours vifs de Chaïbia».

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