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La bancarisation est-elle la panacée ?

Selon la BAD, en Afrique, 350 millions de personnes n’ont pas encore accès au secteur bancaire. Ph. Saouri

17 Mars 2017 À 18:13

L’inclusion financière revêt différents aspects. La bancarisation en est un. Le taux de bancarisation dans le continent africain est très bas comparativement à d’autres pays. «Dans la région UMOA (Union monétaire ouest-africaine), il se situe entre 14 et 15%. Dans certains pays de cette région, il n’est que de 2%», a révélé Boubker Jaï, directeur général du groupe Attijariwafa bank, lors du workshop «Comment accélérer l’inclusion financière ?» Un atelier organisé la première journée du Forum international Afrique Développement qui a fermé ses portes vendredi. Mais avant de franchir le pas de la bancarisation, les populations défavorisées d’Afrique veulent d'abord satisfaire leurs besoins en transfert d’argent et de fonds. «Sécuriser les transferts et les envois constitue la première inquiétude des populations africaines. Sur ce registre, nous considérons WafaCash une success-story qui a permis l’inclusion financière par le transfert d’argent», a assuré Boubker Jaï. Aujourd’hui, WafaCash vend également des cartes prépayées et ouvre des comptes bancaires pour les populations à bas revenus. Il s’agit de comptes bancaires peu coûteux avec les mêmes services que ceux des comptes classiques.

Pour Tariq Sijilmassi, PDG de Crédit Agricole du Maroc, il existe deux types d’inclusion financière. «Il y a d’abord celle qui donne accès aux instruments financiers, à travers la bancarisation directe (produits bancaires classiques) et indirecte (e-banking, mobile banking). Il existe ensuite l’inclusion financière économique des populations défavorisées», a précisé le patron de la banque verte. Cette dernière inclusion fournit aux citoyens les moyens de participer à l’économie de leur pays. Le microcrédit est l’exemple le plus médiatisé. «C’est un outil de financement qui permet l’inclusion financière. À condition qu’il ne soit pas utilisé en substitution au crédit à la consommation», a expliqué Sijilmassi, également président de la FNAM (Fédération nationale des associations de microcrédit).Pour sa part, Yacine Fal, directrice générale adjointe Afrique du Nord pour la Banque africaine de développement (BAD) considère que ces outils d’inclusion financière doivent faire partie des moyens que chaque pays doit mettre en œuvre pour contribuer à la transformation et au développement des populations. «En Afrique, 350 millions de personnes n’ont pas encore accès au secteur bancaire. Nous devons réussir à les intégrer. Car on ne peut plus financer l’économie rien que par les impôts et l’État», a déclaré la représentante de la BAD. La banque accompagne justement les États en finançant les réformes qu’ils engagent sur ce registre. Elle accorde aussi des crédits aux intermédiaires bancaires pour combler le gap entre leurs obligations prudentielles et les risques qu’ils prennent en accompagnant ces populations. 

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