03 Juillet 2017 À 18:00
Les divergences qui déchirent le Congrès national africain (ANC) sont tellement profondes qu’elles menacent de mettre fin au règne ininterrompu depuis 1994 de l’ANC sur la scène politique. Ces divergences ont été dévoilées de la manière la plus embarrassante dans un rapport politique présenté devant les congressistes de l’ANC par Gwede Mantashe, secrétaire général du parti. Le constat est sans appel. Selon les termes utilisés dans le rapport, les dirigeants de cette formation au passé glorieux de mouvement ayant mené la lutte du peuple sud-africain pour l’émancipation du régime raciste de l’apartheid consacrent leur énergie à la préservation de leurs positions et à l’exploitation des ressources de l’État. Le secrétaire général de l’ANC a évité de dire si cette situation risque de coûter à l’ANC sa place de première force politique du pays arc-en-ciel.
Mais plusieurs hauts responsables et vétérans du parti de Nelson Mandela ont saisi l’occasion de la publication du rapport pour tirer la sonnette d’alarme. Ils rappellent, dans ce contexte, les cuisantes défaites essuyées par le parti lors des élections communales de 2016. Lors de ce scrutin, l’ANC a perdu le contrôle des principales métropoles de Johannesburg, Pretoria et Port Elisabeth. Cet échec est expliqué, selon les analystes, par les scandales politico-financiers dans lesquels le Président Jacob Zuma, également chef de l’ANC, s’est embourbé depuis son arrivée au pouvoir en 2009. «Les problèmes ayant conduit aux revers essuyés par l’ANC en 2016 persistent toujours», observe Susan Booysen, professeur de sciences politiques à l’institut de gouvernance relevant de l’Université johannesburgeoise de Witwatersrand.
La conférence politique de Johannesburg a été l’occasion pour les partenaires syndicaux de l’ANC et pour les organisations de défense des droits de l’Homme de réitérer les appels à un changement à la tête du parti. Fort du contrôle qu’il exerce au sein des structures dirigeantes de l’ANC, Zuma a réussi à déjouer plusieurs tentatives de le détrôner. En avril dernier, il a réussi à faire taire une rébellion au sein de l’ANC suite au remaniement ministériel très controversé qu’il a initié en mars dernier. Une initiative périlleuse qui a poussé les grandes agences internationales de notation à dégrader la note souveraine du pays, aggravant par la même les problèmes économiques dont souffre cette nation désignée comme étant la plus avancée en Afrique.