01 Novembre 2017 À 20:54
«Le Maroc et le continent africain, une vision royale». C'est le thème choisi pour le passionnant débat qui a eu lieu, mardi, dans les locaux de l’Institut des études africaines (IEA). Le débat était centré sur «les relations entre le Maroc et les autres pays africains au fil des discours des Souverains marocains, le Roi Mohammed V, le Roi Hassan II et le Roi Mohammed VI». Il s’agit d’un colloque d’envergure internationale qui a été organisé par l’IEA, qui dépend de l’Université de Mohammed V de Rabat, et l’Observatoire d'études géopolitiques (ODE), basé à Paris. «Ce qui entre dans le cadre de la concrétisation d’une convention signée entre les deux organismes», souligne le directeur de l’IEA, Yahia Abou El Farah.
En ce qui concerne le choix de cette thématique, il a souligné, dans le cadre de l’allocution d’ouverte de ce colloque, que c’est un sujet d’une grande pertinence. Et ce, «dans la mesure où les relations du Maroc avec sa profondeur africaine durant le règne des trois souverains Marocains s’inscrit dans la dynamique de continuité et de complémentarité visant le renforcement de la dimension africaine du Royaume, la mise en valeur des intérêts vitaux du continent et la réalisation des grandes priorités», a-t-il précisé. Il a ainsi évoqué les actions et les initiatives menées par feu S.M. Mohammed V pour conduire le Maroc à l’indépendance et pour soutenir la décolonisation de l’Afrique.
De même, il a rappelé le rôle déterminant joué par feu S.M. Hassan II dans la réalisation de deux principaux objectifs pour l’Afrique. Il s’agit, premièrement, de l’action pour l’unité du continent en étant parmi les fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1963 et, deuxièmement, en agissant pour la stabilité de l’Afrique à un moment où le continent était déchiré par des conflits de toutes sortes.
S’agissant de S.M. le Roi Mohammed VI, Yahia Abou El Farah a insisté sur la mise en place par le Souverain, depuis son accession au Trône, d’une stratégie novatrice de coopération avec le continent en lui octroyant une place de choix dans la politique étrangère. «S.M. le Roi a réalisé 50 visites dans environ 30 pays. Cette stratégie a été marquée par la décision de créer un ministère chargé des Affaires africaines, annoncée par S.M. le Roi dans son discours au Parlement le 13 octobre dernier», a-t-il rappelé.
Pour sa part, le directeur général de l’Observatoire d'études géopolitiques, Charles Saint-Prot, a évoqué la dimension stratégique accordée par le Maroc à l’Afrique depuis l’ancien commerce caravanier au VIIIe siècle. «Les liens n’ont cessé ensuite de se renforcer avec l’islamisation des contrées au sud du Sahara et les relations humaines et spirituelles nouées au fil des siècles. Il existe une relation historique qui explique la politique africaine développée par les Souverains marocains depuis la libération en 1956. On sait que le Roi du Maroc fut le précurseur de l’Union africaine lors de la conférence de Casablanca en 1961. Sous le règne du Roi Hassan II, la relation se consolida avec plusieurs pays qui avaient les mêmes vues concernant le conflit Est-Ouest dont le continent était un enjeu majeur», explique-t-il. Selon lui, malgré certaines avanies, jamais le Maroc ne s'est désintéressé du reste du continent.
Aujourd’hui, la politique africaine a repris sa plénitude, soutient-il, en citant dans ce cadre un passage du discours royal du 20 août 2016 : «Nous marchons sur les traces de nos aïeux qui, en précurseurs ayant foi dans l’Afrique, ont sincèrement œuvré à l’unité, à l’ouverture et au progrès de ses peuples». Pour le directeur général de l’OEG, S.M. le Roi Mohammed VI a impulsé une nouvelle dynamique à la diplomatie africaine du Royaume, tout en affirmant que le retour du Maroc au sein de l’Union africaine est une chance pour l’Afrique. Ce colloque a permis de détailler les composantes de la stratégie royale à travers les différents discours et messages royaux analysés par les chercheurs de l’IEA et de l’OEG ainsi que par des universitaires venus de Fès, de Casablanca et d'autres villes. Ce qui a permis de faire un zoom sur la politique royale en Afrique en matière de coopération Sud-Sud, de diplomatie économique, de diplomatie religieuse, de développement durable, et même concernant la relation entre cette vision et l’affaire du Sahara. Des sujets auxquels nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.