04 Septembre 2017 À 17:16
Dans «The Leisure Seeker» de l'Italien Paolo Virzi, en course pour le Lion d'Or, Ella (Helen Mirren) et John (Donald Sutherland) décident de s'enfuir, loin de l'univers suffoquant des médecins et de leurs enfants adultes dictatoriaux, pour un ultime voyage à bord de leur camping-car des années 1970. L'actrice britannique Helen Mirren, 72 ans – encore associée dans sa patrie à l'image sulfureuse de sa jeunesse –, a d'abord hésité avant d'être convaincue par une histoire «drôle et naturelle».
«Bien sûr, j'adore regarder des films avec des acteurs jeunes et beaux», a-t-elle confié dans un entretien à l'AFP, mais «c'est magnifique de trouver un rôle qui vous ressemble». Lui, un ancien professeur de littérature capable de citer des pages entières d'Ernest Hemingway, perd la mémoire par intermittence et s'avère un danger public au volant. Elle, le moteur énergique et attentionné du vieux couple, est rongée par un cancer, mais garde le sourire. «C'est une histoire ordinaire des plus normales. Toutes les familles de la planète vivront une version de cette histoire», confie Helen Mirren. Leur voyage à bord du «Leisure Seeker» les embarque de Boston à Key West, en Floride. Dans ce vieux cocon fumant, ils se protègent mutuellement, s'interrogent sur la vie dans l'au-delà, évoquent leurs souvenirs familiaux et dévoilent un secret plus intime. «Nous incarnons des personnages qui, comme nous, sont proches de la fin de leur vie», explique Helen Mirren. Avec Donald Sutherland «nous apportons notre historique d'expériences, tous les festivals de films que nous avons faits, nos réussites, nos échecs, nos désastres, nos familles, nos relations personnelles». «C'était une occasion pour atteindre une sorte de vérité», résume pour l'AFP l'acteur canadien Donald Sutherland, 82 ans. «Être vieux ne diminue en rien l'amour et le désir !» De fait, les deux grandes stars du septième art livrent une palette d'émotions subtiles et réalistes. Si la fin de ce road movie est un peu prévisible, le voyage bascule sans cesse les spectateurs entre rires et pleurs. On se délecte notamment d'une scène où Sutherland, tout sourire, participe à une manifestation pro-Trump alors qu'il a toujours voté démocrate, lui rappelle sa femme. «C'est un film sur la liberté de choisir sa vie jusqu'à la dernière minute», avec dignité et amour, a expliqué Paolo Virzi, premier des quatre cinéastes italiens en compétition cette année.
Le premier film français dévoilé dimanche, «La Villa», vingtième opus de Robert Guédiguian, s'est penché pour sa part sur l'histoire d'un père mourant dans sa calanque marseillaise, rejoint par ses trois enfants qui vont s'interroger sur les valeurs qu'ils ont reçues. Dans ce long métrage sensible, un couple âgé qui ne peut plus payer un loyer démultiplié et refuse de dépendre de leur fils aimant, décide se donner la mort en se tenant la main, acte d'amour ultime.
Un demi-siècle après leur premier tournage, la Mostra avait honoré vendredi pour leurs carrières Robert Redford, 81 ans, et Jane Fonda, 79 ans, sex-symboles du cinéma unis pour la quatrième fois dans un film sur des voisins veufs d'une petite ville qui vont tomber amoureux. «Il y a peu d'occasions pour faire des films pouvant intéresser un public plus âgé», avait constaté Redford à propos d'une industrie du cinéma très tournée vers un public jeune, tandis que l'énergique Jane Fonda se déclarait heureuse de donner «un visage aux femmes plus âgées». Autre film attendu cette semaine, «Hannah», du réalisateur italien de 35 ans, Andrea Pallaoro, qui raconte l'histoire d'une femme (Charlotte Rampling, 71 ans) qui perd pied lorsque son mari est emprisonné.