15 Janvier 2017 À 17:24
Le dernier rapport de la Cour des comptes sur le manque de stock de sécurité de poches de sang, rendu public récemment, continue de susciter les réactions. La dernière en date est celle du directeur du Centre de transfusion sanguine, Mohammed Benaajiba. Contacté par «le Matin» pour évaluer la situation du stock de sang au Maroc, M. Benaajiba n’a pas caché son étonnement du contenu du rapport qui pèche selon lui par l’absence de l’avis de spécialistes dans ce domaine. «Tout le monde ne peut pas faire une évaluation de la situation du stock de sang, même en ayant une formation juridique solide. Seuls les spécialistes dans le domaine de la transfusion sanguine peuvent le faire», précise-t-il. Dans le même sens, M. Benaajiba a rappelé que la gestion du stock de sang est une question très délicate, en raison de la nature de cette substance. En effet, d’après ce responsable, tous les produits sanguins ont une durée de vie très limitée. À titre d’exemple, la durée de vie des plaquettes ne dépasse pas les cinq jours, alors que les globules rouges peuvent être conservés jusqu’à 42 jours. Le centre est amené donc à étudier en fonction du stock disponible les périodes convenables où il faudrait lancer une campagne de sensibilisation, de peur de constituer un stock qui serait par la suite périmé.
Évaluant le stock de sang au niveau national au cours de l’année 2016, M. Benaajiba a indiqué que ce dernier a atteint 4.600 poches de sang, ce qui représente un stock de six jours. Le même responsable a souligné que cette quantité a connu une hausse sur certaines périodes durant lesquelles le stock constitué était de l’ordre de 8.600 poches, soit 10 jours de réserves en sang. Une moyenne, ajoute-t-il, qui n’est pas loin de celle enregistrée chez les pays développés, comme la France où les réserves en sang varient entre 10 et 12 jours. Le directeur du Centre national de transfusion sanguine a par ailleurs estimé que le rapport a occulté plusieurs indicateurs dans l’évaluation du stock de sécurité, notamment l’examen du taux de donateurs par rapport au volume de la population, qui a connu une hausse considérable, passant de 0,55 à 0,85% en 2015. D’autres indicateurs recommandés par l’Organisation mondiale de la santé n’ont pas été pris en compte par le rapport de la Cour. Il s’agit notamment du nombre de poches de sang par rapport à la literie dans les hôpitaux. M. Benaajiba s’est tout de même félicité que le rapport ait évoqué l’absence de culture du don du sang au Maroc qui entrave l’opération de don et a saisi cette occasion pour rappeler que le don du sang est bénéfique pour le corps.
C’est un moyen thérapeutique curatif et préventif. En effet, un nombre important d’études menées sur un groupe de donneurs et un autre groupe de non-donneurs de sang avaient révélé la fréquence des maladies cardiaques (dites thrombotiques) et avaient prouvé de manière scientifique que les donneurs de sang faisaient moins de complications cardiaques thrombotiques que les non-donneurs de sang. Mieux encore, des chercheurs de renommée internationale encourageaient leurs patients à faire des dons de sang réguliers pour traiter des migraines et des ulcères. Le don de sang permet par ailleurs de stimuler le bon fonctionnement de plusieurs organes dans le corps humain, notamment la moelle osseuse.