06 Février 2017 À 18:48
L'année 2017 marquera-t-elle pour de bon la chute du diesel en France ? Moins de la moitié (47,9%) des voitures neuves livrées en janvier roulaient au gazole, un niveau plus vu depuis l'an 2000, dans un marché général toujours orienté à la hausse. Ce passage symbolique, révélé mercredi par le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) s'inscrit dans la continuité d'une érosion constatée depuis 2012, quand la part du diesel atteignait encore 73%. Cette contraction par rapport aux 52,1% de 2016 a lieu sur fond d'études quant à la nocivité des émissions polluantes liées au gazole, de scandale sur les moteurs diesel truqués chez Volkswagen et de resserrement des normes et des taxes après des années de favoritisme fiscal. «À force de clouer le diesel au pilori, ça a forcément un effet» sur le comportement des acheteurs, estime Jean-François Belorgey, expert du secteur automobile chez EY, auprès de l'AFP. Au-delà de cette désaffection qui reste à confirmer sur le long terme, le mois de janvier a été marqué par un bond de 10,6% des immatriculations neuves à 153.000 unités.
Ce résultat a toutefois été obtenu sur 22 jours ouvrés, alors que janvier 2016, mois de référence pour le calcul, n'en comportait que 20, a remarqué le CCFA. En données corrigées, la hausse est de 0,5%. Les deux groupes automobiles français ont bénéficié de cette tendance, obtenue après une année 2016 à 2,015 millions d'unités (5,1%). Le groupe PSA a mis sur les routes quelque 47.000 voitures neuves le mois dernier (9,7%). Les livraisons de Peugeot ont crû de 13,3% et celles de Citroën de 10,4%. DS, en revanche, a sombré (-31,5%). De son côté, Renault a vu ses immatriculations augmenter de 12,6% à 36.000 unités. La marque au losange a bondi de 17,3% tandis que l'enseigne «low cost» Dacia est restée stable.L'électrique survolté
Les statistiques de janvier sont toujours à prendre avec circonspection, après un mois de décembre où sont jugés les résultats annuels. «Le mois de décembre est toujours un mois très fort parce qu'il y a des objectifs de fin d'année, que ce soit au niveau de la société ou des concessionnaires», ce qui peut ensuite provoquer un creux lors du mois suivant, explique à l'AFP le directeur de la communication du CCFA, François Roudier. Mais malgré ce possible phénomène, et au-delà des deux jours supplémentaires de janvier, «on a une bonne tenue des immatriculations», en particulier chez les constructeurs français qui détiennent à eux deux 56% du marché, fait-il valoir. «Ce qui a tiré la bonne performance des constructeurs français, c'est visiblement les nouveaux véhicules qui plaisent», remarque pour sa part M. Belorgey. PSA, aux ventes stables en 2016, place deux tout nouveaux modèles dans le «top 10» : la Peugeot 3008, quatrième, et la Citroën C3, septième. La Renault Clio reste la voiture la plus vendue en France avec 5,7% du marché. Le groupe Volkswagen se classe troisième, et premier des importateurs avec 12,7% de part de marché même si ses ventes ne progressent que de 1,9% en volume de livraison.
Il est suivi par Toyota (16,6%), Ford (39,2%) et Fiat Chrysler (FCA), qui s'offre 19% en dépassant de justesse 4% de part de marché. Puis viennent BMW, General Motors (dont Opel), Nissan et Hyundai-Kia, tous entre 3,3 et 3,9%. Enfin, parallèlement à la glissade du diesel, les ventes de voitures électriques ont entamé l'année sur un niveau inédit de 1,46% du marché contre 1,08% pendant toute l'année 2016. Écrasant la concurrence avec 73% des livraisons dans cette catégorie fortement subventionnée par l'État, la Renault Zoé pointe à la 26e position du classement général par modèle.
Côté perspectives pour l'année en cours, M. Belorgey se veut prudent sur fond de remontée des taux d'intérêt et des cours des matières premières, dont le pétrole, qui «pourrait avoir un petit effet sur la croissance économique». Sans parler des possibles conséquences à venir du Brexit pour le secteur automobile. Mais «les carnets de commandes continuent à être bons», ainsi que le marché des véhicules industriels (14,1% en janvier), un bon indicateur de l'activité, souligne-t-il.