12 Juin 2017 À 17:16
C’est aujourd’hui mardi 13 juin que doit être finalisé le tant attendu rachat de Yahoo. L’un des fleurons de la Silicon Valley doit être absorbé par Verizon, un géant des télécoms. Ce dernier rachètera le cœur de métier de Yahoo, à savoir le portail internet, les mails et la régie publicitaire notamment, pour 4,5 milliards de dollars. Yahoo va fusionner avec AOL, rachetée précédemment par Verizon, pour former une entité appelée Oath, rapporte l’AFP. L'entreprise, qui conservera les actifs financiers non rachetés par Verizon (essentiellement la participation dans Alibaba), sera rebaptisée Altaba et servira surtout de véhicule d'investissement. Quant à l'avenir de la marque Yahoo !, les spéculations vont bon train, mais il serait logique que le géant conserve la célèbre marque, estiment les analystes. Selon la presse américaine, jusqu'à 2.100 emplois pourraient être supprimés après l'opération. Une opération qui signe surtout l'échec de la patronne de Yahoo Marissa Mayer, qui n'a pas pu sauver le groupe depuis son arrivée en 2012 et qu’elle devrait quitter dans la foulée. Avec, en poche, selon la presse, des indemnités de départ de 186 millions de dollars. «Mayer a hérité d'une vraie pagaille, dans une entreprise qui avait déjà perdu son rôle de leader dans la recherche internet», déclare l'analyste Tim Bajarin. Son arrivée avait suscité d'autant plus d'espoirs qu'elle venait de chez Google, au succès duquel elle avait largement contribué. Au sein de Yahoo, elle s'était lancée dans une série de rachats, dont le site de micro-blogging Tumblr en 2013 pour plus d'un milliard de dollars. Sauf qu’au lieu d'aider à renouer avec les jeunes internautes, cela a plombé ses comptes.
«Tenter de résoudre les problèmes en procédant à des rachats fonctionne rarement», déclare Rob Enderle du cabinet Enderle Group à propos de la stratégie de Marissa Mayer. Yahoo a manqué plusieurs virages, selon les analystes, notamment en échouant à monétiser ses services. Les internautes s'en sont peu à peu détournés, au profit de Google et Facebook, qui ont siphonné ses revenus publicitaires. Pour autant, même si elle n'était pas le casting idéal pour ce poste, Marissa Mayer n'a pas été non plus aidée par son conseil d'administration qui l'a mise «en mauvaise posture, sans personne pour la guider», estime Robert Enderle. Même son dernier chantier, la vente à Verizon, a été semé d'embûches. Le groupe a, en effet, avoué en 2016 que la quasi-totalité des boîtes mail de ses utilisateurs avait été piratée en 2013 et 2014. Yahoo reste d'ailleurs visé par des enquêtes sur la manière dont il a géré l'affaire, ainsi que par plusieurs recours collectifs d'utilisateurs et d'investisseurs.