16 Mai 2017 À 18:53
Dans l’ambiance magique du lieu, les morceaux se sont succédé, emmenant l’assistance dans une belle aventure musicale imbibée de différentes cultures qui se rencontrent et se métissent dans «Maqâm Rods». L’île de Marmara de Turquie ayant constitué, pour les trois virtuoses, le creuset des influences musicales venues d’ailleurs. «Ainsi, le Tba en Tunisie devient Raga d’Inde, Gnawa du Maroc… C’est ce fil conducteur qui permet de faire dialoguer ces multiples traditions musicales. Nous prenons le Maqâm pour raconter la mémoire d’un chant ancestral à travers des rythmes contemporains», explique le Tunisien Zied Zouari qui a eu l’initiative de composer ce trio.
Son objectif, en choisissant le Maqâm, est de garder la touche arabe pour ne pas perdre son identité. «Nous, en tant que musiciens arabes, nous avons une touche et une spécificité et nous sommes les seuls à pouvoir l’exécuter. C’est le travail que nous avons entrepris dans “Maqâms Rods”. Cette fois, nous l’avons travaillé par rapport aux musiques des îles, puisque c’est la thématique du Festival. On a pris l’île de Marmara d’où est originaire Abdurrahman et nous avons essayé de faire un voyage vers d’autres îles, tout en insistant sur d’autres musiques arabes et orientales, du Maroc jusqu’aux Indes».
Une merveilleuse balade que le Trio a immortalisée dans un album, le premier, qui lui ouvre d’autres horizons. Mais il faut dire que Zied n’en est pas à sa première visite professionnelle au Maroc, puisqu’il s’est déjà produit dans plusieurs villes et connaît très bien le public marocain et son enthousiasme pour la musique. Pour ce musicien virtuose, la constitution de ce trio n’est que le noyau d’un projet qui pourra donner lieu à des formations plus importantes. «L’idée est d’arriver à constituer tout un orchestre symphonique “Maqâm Rods”, avec tous les instruments et des invités d’Inde, d’Iran, d’Ouzbékistan, du Maroc… plusieurs noms sont sur la liste. Maintenant, le trio entreprend une tournée mondiale en 2017, puis en 2018 avec un label très connu, tout en envisageant des invitations d’autres musiciens très célèbres», précise Zied qui a foi dans le fait que la musique commence d’abord par le côté humain.
«Car, même si on ne parle pas la même langue, on peut communiquer à travers la musique. Pour moi, réunir un Turc et un Arménien est très symbolique du côté humain, sachant ce qui s’est passé au début du 20e siècle, lors du massacre des Arméniens. Ce qui est très profond, pour moi, est de voir un Turc et un Arménien jouer ensemble de la musique et faire ce partage dans une belle communion. L’inspiration est tout de suite là quand l’humanité est présente», renchérit le violoniste tunisien. Ce dernier n’a pas manqué de dédier un morceau musical à sa ville, Sfax. Plusieurs autres morceaux ont enrichi le parcours de ces trois musiciens, se ressourçant en permanence des sonorités d’autres cultures, embellies par la voix mélodieuse de Abdurrahman Tarikci. Un mélange des plus raffinés qui a donné lieu à un concert exceptionnel.