13 Septembre 2017 À 17:29
La filière du papier carton est promise à de bonnes perspectives de développement. À l’instar d'autres secteurs d’activité, la profession aura bientôt son propre écosystème. Le projet est actuellement à l’étude entre la Fédération des industries forestières, des arts graphiques et de l'emballage (Fifage) et le département de l’Industrie, affirme Mounir El Bari, président de la Fifage. Un contrat de performance permettra au secteur de fédérer ses forces et, partant, électriser sa croissance. Selon El Bari, la croissance du marché du papier ondulé doit s’aligner cette année sur celle de l'activité économique du pays : un secteur industriel avec une croissance globale de 3% et un secteur agricole suivant directement la tendance de l’export du produit Maroc (tomate, primeurs et agrumes, surtout à Agadir). Pour le papier emballage et le papier pour sac, la profession affirme être «très déçue» de l’application de la loi 77-15 interdisant la production et l’utilisation des sacs en plastique. «Nous avons réalisé des investissements importants à une vitesse extraordinaire sous l’impulsion du ministère de tutelle qui cherchait à sécuriser le marché en sacs en papier comme substitut aux sacs plastiques. Malheureusement, nous avons constaté le retour progressif des sacs en plastique malgré le grand effort déployé par les ministères concernés pour accompagner la mise en application de cette loi», déplore El Bari.Selon lui, le marché marocain du papier est petit et pour exporter et être compétitif à l’international, il faudrait collecter plus pour parvenir à une économie d’échelle et de bons prix d’achat des vieux papiers cartons.
La Fifage pour une subvention du recyclageLa corporation réclame également une subvention de l’activité recyclage qui fait maintenir beaucoup d’emplois : quelque 30.000 chineurs qui sillonnent les villes jour et nuit. Pour El Bari, il est aussi nécessaire d’investir dans de grandes capacités afin de pouvoir absorber les charges fixes et exporter facilement vers les pays africains. «Ce que connait le Maroc comme investissement dans le secteur de l’automobile demandera, bien évidemment, plus de carton donc plus de papier et d’ailleurs les deux usines de GPC installées à Kénitra (Atlantic Free Zone) et à Tanger, sont là pour répondre à ces besoins», détaille le patron de la Fifage.
À l’export, le secteur mise beaucoup sur la future entrée du Royaume dans la zone Cédéao. Les opérateurs marocains pourront y vendre leur papier carton sans s’acquitter de droits de douane. «Aujourd’hui et avec des droits de douane allant jusqu’à 35%, le coût de revient du papier carton exporté vers certains pays du continent devient exorbitant. Néanmoins, sur d’autres pays africains, nous arrivons à exporter sans problème surtout le carton ondulé et quelques autres types de papier», se réjouit El Bari. La filière du papier emploie actuellement quelque 800 personnes (industrie lourde et très capitalistique). Elle assure une production annuelle de 270.000 tonnes de carton ondulé pour un chiffre d’affaires de 2,6 milliards de dirhams. L’intégration verticale pour cette activité est estimée à 50%. Les principaux acteurs sont, entre autres, CMCP-IP qui dispose de 3 usines à Casablanca, Tanger (ancien Europac) et Agadir, GPC-Ynna Holding qui possède également 3 unités à Mohammedia, Kénitra et Agadir et Sonacar dont l’usine est basée à El Jadida. Notons que le secteur du carton ondulé emploie, lui, environ 1.500 personnes.GPC, qui a monté une nouvelle usine à Atlantic Free Zone, entend l’inaugurer dans les prochains mois. Son objectif, accompagner le secteur de l’automobile suite à la décision du groupe Peugeot PSA de s’installer dans la capitale du Gharb.
Un taux de collecte de 30%À noter que l’activité de recyclage du papier a démarré au Maroc dans les années 1960. Au fil des années, les sociétés marocaines de papier ramassent à travers leurs fournisseurs et recyclent quelques 150.000 tonnes et stabilisent ainsi le ratio de 30% de recyclé par rapport au total consommé (650.000 t consommées), dont 90% peuvent être recyclés. «Aujourd’hui, l’atteinte du taux de collecte de 30% est une réussite pour notre secteur pionnier pour le recyclage en général, et ce, grâce à l’implication des industriels qui ont organisé le secteur de ramassage et incité des sociétés à s’organiser et à investir en amont. La pâte à papier issue du bois des forêts est utilisée seulement pour la fabrication des papiers nobles : papier impression écriture et une qualité blanche du papier tissus», explique El Bari. Aujourd’hui, estime-t-il, c’est encore malheureux de constater que 50% du papier consommé est toujours incinéré dans les décharges publiques et dégage ainsi des gaz à effets de serre. «Selon un benchmark avec quelques pays très développés dans le recyclage, l’Allemagne et le Japon par exemple, le taux de collecte dans ces pays avoisine les 80%», souligne le patron de la Fifage. D’après la profession, le recyclage du papier utilise une matière ramassée qui revient moins cher que la pâte à papier et consomme dans son procédé moins d’énergie et d’eau. Le coût de production en recyclé est, selon El Bari, au moins 50% inférieur à celui occasionné avec la pâte vierge.