20 Septembre 2017 À 19:37
Éco-Conseil : Comment s’applique l’autorité en tant que technique d’influence sociale ?Malgorzata Saadani : L’influence par l’effet de l’autorité est répertoriée en tant que technique parmi les six principales catégories d’impact classées par le sociologue américain Robert Cialdini. Évidemment, il s’agit autant de l’autorité formelle et affichée que celle tacite et subliminale. D’ailleurs, c’est cette deuxième qui est beaucoup plus subtile et aussi plus intéressante à observer et à appliquer, parce qu’elle est révélatrice du potentiel d’influence, voire de manipulation, et du charisme chez la personne. Ainsi, l’autorité est reflétée par l’allure, la posture, la démarche, la position et la distance dans l’espace, la gestuelle, le toucher, le vocabulaire utilisé et l’expression vocale, la tenue vestimentaire, l’entourage humain (l’effet de chef des troupes), les signes extérieurs du statut et du pouvoir, etc. L’autorité «multicanaux» bien conçue témoigne aussi de la compétence des conseillers en communication, travaillant pour ceux pour qui exercer l’influence sur les gens est un besoin professionnel : les dirigeants d’entreprises, les politiciens et les chefs de groupes.
L’autorité fait partie intégrante des relations en milieu professionnel. Comment un manager peut-il asseoir son autorité sans verser dans l’autoritarisme ?Pour commencer, en restant soi-même: humain et authentique, pleinement assumé. Et surtout en basant ses relations avec les collaborateurs sur le respect mutuel et des règles de conduite claires et précises. Le plus important sera ensuite de veiller à l’observation de ces règles et de recadrer si nécessaire. Le bon dosage de l’autorité est aussi une question de caractère individuel et dépend du milieu professionnel où l’on exerce et des profils des collaborateurs. Enfin, il y a les contextes particuliers où le dosage final de l’autorité sera employé, notamment dans certaines situations d’urgence qui demanderont peut-être au manager de réagir d’une manière plus stricte que la normale.
Comment réagir face aux collaborateurs qui ont du mal à se soumettre à l'autorité de leur hiérarchie ?Une chose est sûre : lorsqu’un candidat souhaite être embauché, il doit savoir que ce contrat produira pour lui des relations d’interdépendance au sein de l’entreprise et la nécessité de respecter les règles internes, y compris les liens hiérarchiques. Pour un employé très indépendant, voire rebelle, cela signifie une nécessité de compromis dont il doit être conscient. D’un autre côté, le recruteur doit repérer ce trait de caractère chez le candidat et évaluer sa capacité de s’intégrer dans la structure existante. Conformément aux compétences, la direction RH veillera à lui attribuer un poste adéquat et cherchera à adapter l’organisation de son travail au style personnel, notamment le degré d’autonomie, la nécessité de travailler en équipe, le reporting régulier. Pour mieux l’encadrer, les règles de conduite lui seront communiquées explicitement, y compris les conséquences en cas de non-respect. Avant de se soucier d’une insubordination éventuelle, l’entreprise doit aussi bien choisir les profils de ses managers : leur posture, leur charisme et leur parcours professionnel. Ce sont des compétences parfois innées, mais qui doivent être cultivées en permanence grâce à l’effort personnel. Elles peuvent être aussi travaillées d’une manière consciente et technique, souvent avec l’accompagnement d’un coach.
Comme dans chaque relation interpersonnelle, il faut voir la situation dans son contexte et analyser les positions des deux parties. De par l'expérience, on peut affirmer que le plus souvent le non-respect de l’autorité relève d’une incompatibilité des tempéraments, de divergences sur les valeurs et de défauts de la communication. Il faut se rappeler aussi qu’au travail on rencontre toutes sortes de profils et de personnalités, mais on n’est pas obligé d’aimer tout le monde. Il suffit d’être professionnel et courtois pour préserver les relations correctes et se concentrer sur les objectifs communs à atteindre. Et ce n’est pas une question de susceptibilités personnelles, mais plutôt de bon sens.
Propos recueillis par Mounia Senhaji