29 Mai 2017 À 17:16
Cette année encore, le mois du Ramadan tombe en pleine saison estivale où les journées sont particulièrement chaudes et longues. Si le jeûne est généralement difficile en été, pour certaines personnes souffrant de maladies comme le diabète et l’hypertension, cela peut être dangereux. Les femmes enceintes ont également tendance à craindre des complications et des effets indésirables sur leur santé et celle de leur bébé, d'autant plus qu’il faudra jeûner durant 16 longues heures. Elles sont donc tiraillées entre leur envie d’accomplir leur devoir en tant que musulmane et leur crainte pour la santé de leur enfant. Mais rassurez-vous, mesdames ! En principe, une femme enceinte peut jeûner sans problème si elle n’est pas malade. «Étant le quatrième pilier de l’Islam, le jeûne du mois du Ramadan est obligatoire pour tout le monde. C’est une épreuve qui reste difficile pour l’esprit et pour le corps et encore plus chez une femme enceinte. Mais le jeûne n'est pas systématiquement déconseillé chez la femme enceinte, bien que l’Islam autorise la femme enceinte à rompre le jeûne si ce dernier représente un risque pour sa santé ou celle du fœtus», affirme Ghita Kabbaj, gynécologue.«En effet, la réponse à la question de savoir si la femme enceinte peut jeûner ou pas varie d’une femme à l'autre. Il convient alors de voir avec le médecin le profil et l’état de santé de la future maman, pour s’assurer qu’elle ne présente aucun problème de santé qui contre-indique le jeûne. On peut autoriser une femme enceinte à jeûner sans problème après s’être assuré que son état de santé, avant le mois du Ramadan, est très bien, que sa tension est normale et que son examen clinique et échographique ne montre aucune anomalie. Par contre, si la patiente est porteuse d’une maladie comme le diabète, l’hypertension, des maladies métaboliques, une anémie, des carences…, à ce moment-là on lui déconseille le jeûne, car il y a un risque de complication de la maladie qui mettrait sa santé et celle du fœtus en danger. Aussi, si la femme enceinte doit prendre des médicaments à des heures fixes de la journée ou des collations en cas de maladies de l’estomac, on ne peut pas la laisser jeûner», explique Dr Kabbaj.
Les mamans ont souvent peur aussi que la santé du bébé à la naissance soit affectée par le jeûne. À ce sujet, il n’y a pas une réponse très claire, car les études réalisées jusque-là montrent des résultats différents. En effet, plusieurs études médicales se sont penchées sur les effets du jeûne du ramadan sur la femme enceinte et le bébé. Et si certaines tendent à montrer que les bébés ne sont pas ou peu affectés par le jeûne de leur mère, d’autres prétendent que les personnes dont les mères ont jeûné pendant la grossesse rencontrent des problèmes de santé au cours de leur vie. «Les mamans ont souvent peur que leurs enfants naissent en mauvaise santé à cause du jeûne ou qu’ils aient un QI (quotient intellectuel) inférieur aux autres enfants à cause des carences alimentaires. Or les études n’ont pas prouvé que cela soit vrai. En revanche, certaines études ont montré qu’il y a un risque d’accouchement prématuré dû au jeûne, car la femme est très fatiguée durant le Ramadan et peut être amenée à fournir des efforts supplémentaires» , indique Ghita Kabbaj. S’agissant du trimestre où il est «plus facile» de jeûner, Dr Kabbaj affirme que le deuxième trimestre de la grossesse est le plus léger. «Le premier trimestre se caractérise par un grand nombre de bouleversements hormonaux et métaboliques. La patiente est généralement fatiguée, elle a des vertiges, des vomissements, des nausées, de grandes envies de dormir…, et dans ce cas-là, elle doit prendre des médicaments, ce qui pourrait l’empêcher de jeûner. Durant le deuxième trimestre, en général, les choses se calment. C’est un trimestre assez léger pour la femme enceinte, où elle ne souffre plus des symptômes du début de la grossesse et en même temps, elle n’est pas encore très alourdie par le poids du fœtus. C’est donc un trimestre plutôt compatible avec le jeûne si la patiente ne présente aucune maladie. En revanche, durant le troisième trimestre, on bascule vers la fatigue, les œdèmes, la rétention d’eau…, sans oublier le poids qui augmente, ce qui accentue l’asthénie de la maman et qui rend le jeûne difficile».
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Tout d’abord, il faut commencer par s’assurer que l’état de santé de la future maman lui permet de jeûner. Pour celles qui peuvent accomplir le jeûne sans problème, elles doivent adopter une bonne hygiène de vie durant le mois du Ramadan :• Il faut se reposer beaucoup et faire plusieurs siestes.• Il faut rompre le jeûne en cas de survenue de complications qui n’étaient pas prévisibles, mais qui peuvent arriver, notamment si la patiente ressent une soif intense, des vertiges, une vision qui devient floue, des nausées et des vomissements…• Il faut respecter la prise des trois repas, à savoir le ftour, le dîner et le shour.• Il faut favoriser les boissons chaudes et tièdes, des féculents, des sucres rapides au moment du ftour pour rétablir la glycémie de la journée. Pour le dîner, 3 heures après le ftour, il faut prendre des viandes blanches, des légumes, des fruits et des féculents. Ces deux repas ne doivent pas être très lourds pour pouvoir prendre le petit déjeuner (shour) qui doit comporter des sucres rapides, des féculents et des protéines pour qu’elle puisse tenir dans la journée.• Il faut éviter les aliments trop salés qui pourraient lui donner soif durant la journée, sans oublier de boire beaucoup d’eau pour pallier la déshydratation.