01 Avril 2018 À 12:42
Éco-Conseil : Comment reconnaître un plaintif ?r>Malgorzata Saadani : Le plaintif, c’est avant tout un communicant, il est donc assez facile à identifier. Bien sûr, il arrive à toute personne de se plaindre un jour d’avoir de temps en temps une vraie raison d’un ras-le-bol, mais un plaintif pathologique le fera beaucoup plus souvent et à toute occasion : les conditions de travail, les collègues, les clients, le patron, la conjoncture, l’actualité générale, les questions familiales, le mauvais temps – tous les sujets sont bons pour y trouver de quoi se plaindre. Le plaintif se met en position de victime et broie du noir.r>Mais attention, il y a deux variantes d’un tel profil : un vrai plaintif (pessimiste dépressif) et un faux plaintif (critique cachottier). Le premier est véritablement et subjectivement convaincu d’être dans une situation lamentable, ce qu’il annonce et répète continuellement. Le deuxième fait croire à son entourage à ses malheurs imaginés ou exagérés pour détourner l’attention de sa situation réelle tout à fait correcte, avec un fond de superstition de la peur d’être jalousé. Ce genre de plaintif est assez fréquent parmi les personnes qui travaillent pour leur propre compte et qui souhaitent solliciter la compassion et cacher leurs succès.
Pourquoi est-il si difficile de collaborer avec ce profil ?r>Le plaintif est un vampire énergétique et un profiteur, souvent doublé d’un égocentrique. Il sollicite ses collègues et amis, et fait tout pour focaliser l’attention sur lui-même. Les gens de son entourage se retrouvent à l’écouter, à le consoler et à faire le travail à sa place. En finalité, pour son équipe le plaintif devient un parasite, ce qui peut être une tactique consciente ou inconsciente pour ne pas s’exposer à une critique éventuelle et ne pas trop se fatiguer. Il plombe le moral de l’équipe face aux challenges et capte vers lui les ressources des collègues (par exemple leur temps) qui seraient normalement destinées à un travail plus productif.
Comment le recadrer ?r>Tout dépend du profil du plaintif. Si c’est une attitude juste un peu grincheuse, il suffira de le laisser parler un peu, ou alors le remettre à sa place quand ses discours défaitistes arrivent au mauvais moment. Le plus grand défi et la seule voie d’issue sont de diriger la réflexion commune vers des solutions et vers l’avenir, en recadrant d’une manière factuelle à chaque tentative de dérapage de sa part. Par contre, lorsqu’il s’agit d’un plaintif qui a une réelle raison de se plaindre, il faut s’y pencher plus attentivement pour remédier au problème à la source, car il pourrait contaminer toute l’équipe.
Quelles sont les erreurs à éviter ?r>En travaillant avec un plaintif, nous risquons de nous laisser entraîner vers sa logique de la critique systématique et de devenir plaintifs à notre tour... Si le collègue plaintif a une personnalité du type «lierre», il pourra nous amener à prendre en charge ses dossiers et de facto nous faire travailler à sa place par l’excès d’empathie mal calibrée. Et puis, à force d’entendre les plaintes à toutes les occasions, il y a un risque de ne plus y prêter l’attention et de négliger un danger, ou prendre à la légère un vrai problème chez un collaborateur.
Par quels moyens peut-on l'aider à avoir confiance en lui ?r>Je pense qu’en matière de comportement et caractère humain il n’y a pas de recettes simples et applicables pour tout le monde. Face à un plaintif, nous pouvons toujours donner bon exemple et essayer de l’entraîner dans une dynamique ascendante, avec l’aide de toute l’équipe. Et si nous nous rendons compte qu’il y a un souci plus profond, il est de notre devoir de l’assurer de notre soutien et de lui conseiller de s’adresser à un spécialiste : un coach ou un thérapeute. En finalité, c’est tout ce que nous pouvons faire : agir nous-mêmes en espérant une bonne réaction de l’autre.
r>Propos recueillis par Nabila Bakkass