11 Janvier 2018 À 15:11
La Banque mondiale persiste et signe. L’embellie économique enregistrée en 2017 au Maroc, grâce au grand rebond de la production agricole, ne s’inscrira pas dans la durée, compte tenu de la vulnérabilité du pays aux effets négatifs du changement climatique. La croissance devrait ainsi ralentir à 3,1% en 2018, après 4,1% en 2017, indique l’institution de Bretton Woods dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques mondiales, publié le 9 janvier. La bonne récolte de 2017 entraînera ainsi une diminution des effets de base en 2018, comme expliqué dans le rapport de suivi de la situation économique du Maroc publié en octobre 2017.
Dans son dernier rapport, un document de plus de 240 pages diffusé en anglais, la Banque mondiale estime que la croissance de l’économie marocaine resterait quasiment stable en 2019 et 2020, avec une hausse de 3,2% du produit intérieur brut (PIB). De ce fait, l’Institution a revu à la baisse les prévisions de croissance du Maroc à court et moyen terme, comparées aux projections annoncées en juin dernier et qui tablaient sur une hausse de 3,7% du PIB cette année et 3,6% en 2019. Rappelons qu’en décembre dernier, Bank Al-Maghrib avait également révisé à la baisse les prévisions de croissance du pays. Sous l’hypothèse de campagnes agricoles moyennes, la croissance globale ralentirait à 3% en 2018 avant de s’accélérer à 3,6% en 2019, selon la banque centrale. L’économie marocaine ralentirait ainsi cette année au moment où la croissance de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) s’accélérerait pour atteindre 3% en 2018, contre 1,8% en 2017, selon les nouvelles projections de la Banque Mondiale. En Afrique du Nord, c’est l’Égypte qui se distingue. Il devrait afficher un taux de croissance de 4,5% pendant l’exercice 2018, qui atteindrait 5,3% en 2019 et 5,8% en 2020. La Tunisie connaitrait aussi une évolution favorable, son PIB augmenterait respectivement de 2,7%, 3,3% et 4%, durant les trois prochaines années, au lieu de 2% en 2017. Dans la région MENA, «Les programmes de réforme devraient se poursuivre, la fermeté des prix du pétrole devrait atténuer les difficultés budgétaires et l’amélioration du tourisme devrait stimuler la croissance dans les pays non tributaires des exportations de pétrole» soulignent les économistes de la Banque Mondiale. Selon ces derniers, la croissance économique mondiale va s’accélérer à 3,1% en 2018 après 3% en 2017, grâce à la reprise des investissements, des activités manufacturières et des échanges commerciaux. Cette reprise risque cependant d’être de courte durée. «A terme, le ralentissement de la croissance potentielle qui mesure la vitesse à laquelle une économie peut progresser lorsque la main-d’œuvre et le capital sont pleinement employés pourrait éroder les progrès enregistrés dans l’amélioration des niveaux de vie et la réduction de la pauvreté à travers le monde», alertent les experts de la Banque mondiale. Selon eux, le ralentissement de la croissance potentielle s’explique par de nombreuses années d’érosion des gains de productivité, un faible niveau d’investissement et le vieillissement de la main-d’œuvre mondiale. Ce ralentissement est généralisé puisque les économies touchées représentent plus de 65% du PIB mondial.» Si rien n’est fait pour accroître la croissance potentielle, le ralentissement pourrait se poursuivre pendant une bonne partie de la prochaine décennie, au risque de voir la croissance ralentir d’un quart de point de pourcentage en moyenne dans le monde et d’un demi-point de pourcentage en moyenne dans les pays émergents et en développement pendant cette période», concluent les économistes de l’Institution de Bretton Woods.