16 Janvier 2018 À 19:14
Au moment où le Maroc est mandaté pour coordonner l'action de l'Union africaine sur la question de la migration et où il copréside le Forum mondial pour la migration et le développement. Dans un contexte où il s'apprête à accueillir, en décembre 2018, la Conférence internationale sur la migration, durant laquelle sera adopté le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) met les bouchées doubles pour examiner cette thématique.r>Ainsi, l’IRES a organisé, mardi dernier, une rencontre scientifique internationale, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer, pour contribuer à la réflexion stratégique sur la migration. Et ce, autour du thème «La question migratoire en Afrique : enjeux, défis et stratégies de réponse». Une rencontre à laquelle ont pris part des acteurs institutionnels et des experts nationaux et étrangers des questions migratoires dans leurs multiples dimensions.r>À cette occasion, le directeur général de l’IRES, Mohammed Tawfik Mouline, a souligné que la question migratoire constitue, aujourd’hui, une des problématiques prioritaires sur le plan continental, régional et national. «Une approche globale et équilibrée s’impose compte tenu des réalités et des défis en matière de migration et des liens entre la migration et d’autres enjeux importants sur le plan économique, social, politique et humanitaire», a-t-il précisé. Selon lui, le Maroc est fortement concerné par la problématique migratoire, de par sa position géographique, à la porte de l’Europe. «Jadis pays de transit des migrants subsahariens vers l’Europe, le Maroc est devenu un pays d’accueil des migrants».r>M. Mouline a aussi attiré l’attention sur le fait que, dans la perspective de l’adhésion du Maroc à la Cédéao, le Royaume pourrait être amené à ratifier l’un des principes fondamentaux du Traité de cette communauté, celui de la libre circulation des biens et des ressortissants des États membres, et à faire face à une éventuelle migration massive, en provenance des pays de cette communauté. En effet, dans la perspective de l'adhésion du Maroc à la Cédéao, se pose la question de la libre circulation des personnes. La crainte est que celle-ci donne lieu à des flux importants de migrants, désireux de s’installer au Maroc ou en transit vers r>l’Europe.r>Dans ce contexte, l’universitaire sénégalais Papa Demba Fall Ifan a souligné, lors des débats, qu'«aussi longtemps que les pays d’Afrique occidentale n’envisageront pas la coopération migratoire comme une alternative à l’exode vers le Nord, la libre circulation des personnes restera un vœu pieux du seul fait que les mobilités ouest-africaines sont, à plus de 80%, orientées vers l’espace Cédéao». Dans le même cadre, l’universitaire ivoirien Yao Silvère Konan a mis l’accent sur les potentialités et les atouts que représente la Cédéao. Dans ce sens, il a cité la libre circulation parmi les points de force de cette communauté. Il a ainsi montré que la migration intrarégionale au sein de la Cédéao représente 70%, contre 66% en Afrique australe, 52% en Afrique de l’Est, 23% en Afrique centrale et 6% seulement en Afrique du Nord. En évoquant quelques faiblesses, il a cité l’absence d’un système de collecte de données régulières et standardisées à l’échelon des États de la communauté et les limites des textes réglementant la question de la libre circulation, ainsi que la «grande discrétion accordée aux pays en ce qui concerne l’accès au marché du travail».r>La ministre conseillère à la Présidence de la République du Sénégal et présidente de l’Alliance pour la migration, le leadership et le développement (AMLD), Ndioro Ndiaye, a souligné l’importance de la gouvernance de la mobilité des biens et des personnes au sein de la Cédéao. Elle a proposé, dans le cas marocain, de négocier le délai de transition et d’étudier les éléments de la mobilité et de la libre circulation, d’autant plus que les textes de la Communauté le permettent. «Il faut examiner les avantages que la Communauté et le Royaume peuvent avoir et chercher les écueils qui se posent et les confronter avant de prendre une décision», a-t-elle proposé.r>Intervenant également lors d'une partie des travaux de cette journée, Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme, a considéré qu’il faut approcher cette question en faisant preuve d’empathie. Il a ainsi appelé à repenser la manière d'appréhender les mobilités dans le cadre du développement de l’Afrique. «Cette question est en filigrane dans la politique de migration marocaine et fait partie de la feuille de route qui sera présentée par S.M. le Roi à la fin de ce mois dans le concert africain», a-t-il conclu.