05 Avril 2018 À 18:45
La sous-représentation des femmes en politique et dans les postes de responsabilité et les fonctions sélectives a été de nouveau soulevée par une étude réalisée l’Association Jossour-Forum des femmes marocaines (FFM) en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert (FES). Présentée jeudi à Rabat en présence de Seija Sturies, représentante résidente de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung, cette étude intitulée «Évaluation des mécanismes de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc» s’inscrit dans le cadre du projet de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc. Elle s’est basée dans sa réalisation sur une recherche qualitative menée entre février et novembre 2017 et qui a associé pour sa réalisation des personnalités institutionnelles, des élues, des universitaires, des ONG, des partis politiques, des syndicats et des personnalités internationales. Ces différents intervenants ont procédé, dans le cadre d’une démarche participative, à l’analyse des mécanismes de promotion de la représentativité politique des femmes ainsi que la formulation de recommandations à même de surmonter les obstacles et lui conférer plus de représentativité dans les organes élus.r>Ainsi et d’après les principales conclusions de cette étude présentée par Ouafae Ben Abdennebi, consultante, la sous-représentation des femmes est due à plusieurs facteurs aussi bien d’ordre législatif que social. Il y a lieu de citer en premier le non-aboutissement des mécanismes de promotion de la participation politique des femmes. En effet, note l’étude, bien que le législateur ait affiché une volonté ambitieuse d’améliorer la représentativité politique des femmes, cette volonté ne s'est pas traduite concrètement par des termes précis et ciblés qui permettent d’atteindre une parité dans la participation politique. «Le législateur a opté par exemple dans la Loi fondamentale pour des termes approximatifs comme le terme “favoriser” au lieu d’utiliser le terme “garantir” pour fixer les dispositions visant à assurer une meilleure participation des femmes, ce qui pouvait donner lieu à des interprétations timides du texte», note Mme Ben Abdennebi. En outre, relève l’étude, il existe un retard dans la mise en œuvre des principes constitutionnels ayant rapport avec les droits des femmes, ceci parallèlement à l’absence d’une évaluation sur le terrain des impacts des lois organiques.r>Outre le volet législatif, l’étude impute cette situation de sous-représentation des femmes en politique au faible encadrement des partis politiques qui ne mettent pas en avant les compétences féminines lors des échéances législatives et préfèrent «se cacher derrière» le système des quotas qui les décharge de leurs responsabilités d’encadrement technique des femmes.r>Outre ce volet, l’étude évoque également l’absence de mesure d’accompagnement des femmes et leur faible syndicalisation ainsi que les barrières socioculturelles stéréotypées et archaïques confinant la femme dans le rôle de femmes de foyer. L’étude recommande ainsi de respecter les engagements internationaux et d’harmoniser les législations nationales. Elle appelle également à la révision du cadre normatif, à sa consolidation par une loi-cadre sur l’égalité femmes-hommes dans toutes ses dimensions et à l’adoption d’une approche globale intégrant une perspective de genre. L’étude suggère par ailleurs de créer un mouvement national unifié et progressiste pour défendre l’instauration de la parité.
La représentation des femmes en chiffres
D’après Seija Sturies, représentante résidente de la Friedrich-Ebert-Stiftung au Maroc, la représentation des femmes dans les instances dirigeantes des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire reste insignifiante. Les femmes représentent en effet seulement 6% des secrétaires généraux, 9% des inspecteurs généraux, 11% des directeurs et 11% des chefs de division, 19% des chefs de service et 16% des ambassadeurs. Dans les postes judiciaires, la situation n’est pas non plus reluisante. Les femmes n’occupent que 20 de ces postes, dont 21% sont des juges et 11,8% sont des procureurs. En politique, le taux de représentation des femmes reste en deçà des attentes des féministes. Le taux de représentation des femmes dans la Chambre de représentants n’a pas dépassé 20,51% en 2016 contre 16,96% en 2011. Au niveau de la Chambre des conseillers, le même constat est établi, les femmes conseillères ne dépassant pas le taux de 11,67% en 2015. Il en est de même dans le domaine de la gouvernance locale où le taux de représentation des femmes s’est limité à 21,18% en 2015.