30 Septembre 2018 À 17:30
Le Festival international du film de femmes de Salé (FIFFS) a été clôturé le 29 septembre dans une ambiance de joie et surtout d'émotions. Le jury de la compétition officielle de long métrage a octroyé le Grand Prix du festival au film «Lemonade» de Ioana Uricaru, qui était en lice avec 11 autres longs métrages. La réalisatrice a affirmé que c'était un honneur pour elle d'être primée dans un festival tel que le FIFFS qui met à l'honneur toutes les femmes du monde du cinéma.r>«Lemonade» a été produit par des entreprises du Canada, d'Allemagne et de Suède. Il a également bénéficié du soutien financier de la Roumanie. Le film raconte l'histoire de Mara, une jeune femme roumaine qui emménage aux États-Unis chez son nouveau mari, Daniel, qu'elle vient de rencontrer. Elle y emmène Dragos, son fils de 9 mois. En voulant s'installer définitivement aux États-Unis, Mara va faire face à une série de problèmes administratifs, sociaux et humains. «Nous avons étéė particulièrement bouleversées par la maturité de ce film, alors qu'il s'agit d'une première réalisation. Nous avons été marquées par la profondeur de la vision de la réalisatrice», a déclaré la présidente du jury Marillu Mallet, réalisatrice, scénariste et écrivaine chilienne.
Le jury a attribué le Prix de la meilleure interprétation féminine à Alina Serban pour son jeu dans le film «Seule à mon mariage». L'actrice rom a interprété le rôle de Pamela, jeune Rom insolente, spontanée et drôle qui embarque vers l’inconnu, rompant avec les traditions qui l’étouffent. Elle arrive en Belgique avec trois mots de français et l’espoir d’un mariage pour changer son destin et celui de sa fille.r>Le Prix de la meilleure interprétation masculine a été remporté par l'acteur algérien Boujemâa Djamel pour son rôle dans «Jusqu'à la fin des temps». Ce rôle dans un film de cinéma est le premier pour l'acteur, habitué aux planches du théâtre. «Le comédien nous fait sentir la rage, la colère, la joie et la douleur tout en étant sensible envers la femme», soulignent les membres du jury.r>Ces dernières ont aussi été touchées par le scénario du long métrage «Les anges portent du blanc». Ce film, qui a obtenu le Prix du meilleur scénario, a impressionné les membres du jury par «sa virtuosité». «Nous souhaitons saluer le courage de la réalisatrice chinoise Vivian Qu qui, avec ce film a pris le risque de perdre le droit d'exercer dans son pays», ont-elles précisé. Vivian Qu a également écrit le scénario douloureux de ce drame parlant de deux collégiennes agressées par un homme d’âge mûr dans un motel. Mia, l’adolescente qui travaillait à la réception, est la seule témoin. Elle ne dit rien par crainte de perdre son emploi. Par ailleurs, Wen, l’une des victimes, 12 ans, comprend que ses problèmes ne font que commencer…r>Pour sa part, le film espagnol «Carmen y Lola», de Arantxa Echevarria, a reçu le Prix spécial du jury. Ce long métrage a été choisi pour «ses faits porteurs d'espoir». Son histoire nous plonge dans la communauté gitane, avec Carmen qui vit dans la banlieue de Madrid. Comme toutes les femmes qu’elle a rencontrées dans la communauté, elle est destinée à reproduire un schéma qui se répète de génération en génération : se marier et élever autant d’enfants que possible, jusqu’au jour où elle rencontre Lola. Cette dernière, gitane également, rêve d’aller à l’université, fait des graffitis d’oiseaux et aime les filles. Carmen développe rapidement une complicité avec Lola et elles découvrent un monde qui, inévitablement, les conduit à être rejetées par leurs familles. Rappelons que la compétition officielle du FIFFS a comporté 12 films représentant 18 pays, dont «Apatride», de la Marocaine Najiss Nejjar.
Prix du documentaire et du jeune public
Le Prix jeune public du FIFFS pour le court métrage a été remporté par le film «L’appel» de Maria Kenzi Lahlou. Le jury a octroyé le Prix du long métrage ex aequo à «Lahnech» de Driss Mrini et «Nouh ne sait pas nager» de Rachid El Ouali. Dans la catégorie film documentaire, c'est «A thousand girls like me» de la réalisatrice afghane Sahra Mani qui a remporté le premier Prix. «C'est un travail qui a su imposer un terrible tabou avec élégance. La réalisatrice a fait de son héroïne une porteuse d'espoir», a déclaré Hind Saïh, présidente du jury de la compétition documentaire. La cérémonie de clôture a également connu deux vibrants hommages à deux femmes d'exception. La première est Sara Silvera, productrice brésilienne. Le deuxième hommage a été rendu à une grande dame de la scène marocaine : Houda Rihani. Cette jeune femme talentueuse, spontanée et généreuse a reçu son trophée avec des larmes de joie et de reconnaissance. «Je ne m'attendais pas à ce qu'on pense à moi pour un tel hommage». Parfois, le cinéma marocain n'oublie pas les noms qui font sa grandeur.