03 Juillet 2018 À 18:21
Éco-Conseil : Dans quelle mesure l’esprit collaboratif permet-il d’améliorer la rentabilité r>de l’entreprise ?r>Meryem Benslimane : Face à un environnement de plus en plus concurrentiel marqué par des transformations digitales bouleversant les pratiques de l’entreprise, les managers n’ont plus le choix : ils doivent miser sur le capital humain et sur sa synergie. Ils ont intérêt à pousser les collaborateurs à travailler ensemble pour atteindre la performance escomptée. C’est dire que les managers doivent désormais encourager l’esprit collaboratif permettant d’avoir une équipe qui a une vision partagée et qui œuvre pour l’atteinte des résultats de l’entreprise. Cette équipe va partager les mêmes valeurs et va collaborer avec flexibilité, ce qui permet de créer un environnement de travail agréable. En somme, l’esprit collaboratif permet de produire les bons résultats et avoir un climat de travail et d’épanouissement. Bien que la démarche de l’esprit collaboratif soit prometteuse, elle n’est pas toutefois facile à mettre en œuvre. L’unique volonté de la direction générale ne suffit pas pour garantir un esprit collaboratif en entreprise, encore faut-il investir dans des actions concrètes.
Justement, quels moyens se donner pour favoriser cet esprit ?r>Je pense que la première astuce à privilégier pour favoriser l’esprit collaboratif repose sur le fait de considérer l’équipe comme étant le premier client interne. Il faut ainsi être à l’écoute de chaque collaborateur, comprendre ses besoins et prévoir un système pour le motiver. Favoriser l’esprit collaboratif, c’est aussi revoir son système de management à travers notamment l’aplatissement de la hiérarchie, l’implication des collaborateurs dans la prise de décision et surtout l’instauration de la confiance en interne. Pour y parvenir, il faut assurer le partage de l’information tout en permettant à la communication interne de jouer pleinement son rôle en toute transparence pour améliorer la performance. r>Je pense aussi que pour favoriser l’esprit collaboratif en interne, le manager doit faire un travail sur lui-même en développant ses compétences r>de leadership.
Rappelons, dans ce sens, qu’un leader doté d’une grande intelligence émotionnelle devient capable de s’adapter à n’importe quelle situation et c’est ce qui lui permet de gagner la confiance, l’adhésion et surtout l’engagement des collaborateurs. Les collaborateurs sont avant tout des êtres humains, ils ont besoin d’être rassurés et encouragés pour se ressourcer en énergie et continuer à produire. L’erreur que commettent bon nombre de managers c’est qu’ils considèrent les collaborateurs comme des robots, ils leur donnent des directives à suivre et attendent beaucoup de résultats, sans rien donner en contrepartie. Pis encore, ces managers vont jusqu’à ne pas autoriser le droit à l’erreur, ce qui détruit le sentiment de motivation et de créativité chez les collaborateurs.
Quels peuvent être les facteurs qui détruisent l’esprit collaboratif ?r>Plusieurs facteurs peuvent empêcher de faire régner l’esprit collaboratif au travail. Je cite, à titre d’exemple, les personnes qui veulent gagner seules, s’imposer et qui ne sont pas du tout inscrites dans un partage d’informations. Dans ce cas, c’est l’égo qui va prendre le dessus et c’est ce qui explique qu’en dépit des efforts fournis par le manager pour faire régner l’esprit collaboratif, les bons résultats ne sont pas au rendez-vous. Cela peut parvenir aussi de personnes qui n’arrivent pas à faire confiance aux autres. Ils ont, à titre d’exemple, vécu une expérience négative dans le passé et c’est ce qui les pousse à adopter, au quotidien, une attitude de méfiance. À ces facteurs s’ajoutent le harcèlement, le manque de respect et l’idée de diviser pour régner que certains adoptent.
Comment faire adhérer ceux qui sont dans la résistance au changement ?r>La résistance au changement, il ne faut pas la nier au départ. Il faut plutôt l’accueillir et laisser les personnes exprimer leurs sentiments. r>Il s’agit là d’appliquer la règle : «comprendre avant d’être compris». Puis, on peut passer à la phase d’appropriation du changement visant, notamment, à permettre aux collaborateurs de suggérer des propositions et de susciter leur engagement. L’idée est que les collaborateurs soient une partie prenante du changement. En somme, le changement passe par quatre étapes qui sont toutes importantes les unes que les autres : le choc, le déni, l’acceptation et l’implication. Il faut les respecter et comprendre les comportements des collaborateurs dans chaque étape.
r>Entretien réalisé par Nabila Bakkass