26 Avril 2018 À 18:09
Éco-Conseil : Comment définir la stratégie de l'évitement dans les relations professionnelles en entreprise ? r>Nabil Fandi : Les entreprises exigent des défis de communication de plus en plus complexes. Devant ces défis, une grande majorité de personnes va emprunter certaines stratégies d’évitement : la fuite, le rejet, la passivité, voire le silence… par manque de courage, et en présence de situations de conflits inévitables, elles vont chercher à emprunter d’autres stratégies à leur obligation d’agir. Ces personnes sont motivées par des pensées personnelles et culturelles impliquant que le conflit est une mauvaise chose ou que la situation va s’arranger sans intervention. Ainsi, les stratégies d’évitement se caractérisent souvent par la peur, notamment de commettre des erreurs ou d’être très critiqué par les autres. Cette stratégie trouve également ses origines dans la peur de perdre le contrôle, d’échouer ou tout simplement de se désorganiser. Il faut noter dans ce sens qu’il y a des personnes qui n’aiment pas sortir de leur zone de confort et qu’une simple confrontation peut les déstabiliser et les rendre incapables de travailler et d’avancer.
Dans quelles situations les collaborateurs recourent-ils à cette stratégie ?r>Pour répondre à votre question, je dirai que les stratégies de l’évitement peuvent être empruntées lorsqu’on ne détient que peu de pouvoir sur une situation qui requière néanmoins des compétences qu’on ne possède pas. Elles peuvent aussi être pertinentes lorsqu’une meilleure préparation avant de passer à l’action s'avère nécessaire. r>On parle d’évitement stratégique : les acteurs chercheront à résoudre les problèmes quand le temps et le contexte se révéleront plus opportuns.
Quels peuvent être les conséquences d'une telle stratégie sur la performance et la pérennité des relations en entreprise ?r>La stratégie de l’évitement peut avoir des conséquences négatives dans la majeure partie du temps et en fonction des situations. En y recourant d’une façon fréquente, il est probable qu’on souffre de l’absence de dialogue, d’engagement et d’apprentissage.r>On y demeurera insatisfait d’une façon grandissante au risque d’accumuler un déficit de crédibilité auprès des différents collègues, managers. Il est aussi probable que ces stratégies à long terme engendrent du refoulement, du blâme ou de l’agressivité. Il ne faut donc pas en sous-estimer l’ensemble des conséquences possibles : perte de motivation, mais aussi de productivité, désintéressement des enjeux importants, absence de synergie et de vision commune, paralysie de l’entreprise, absentéisme, problèmes de maintien en poste importants, etc.
Quelles sont vos recommandations pour gérer les conflits et améliorer les relations professionnelles ? r>Devant la question de gérer les conflits et améliorer les relations professionnelles, devons-nous abandonner et céder à la souffrance si on n’est pas outillé pour y faire face ? Non, car il existe d’autres façons de faire face à une situation, qui ne finissent pas par constituer une sérieuse limitation pour nos vies. Je citerai quelques-uns :r>• S’éloigner de la situation, mais sans en sortir : Il s’agit là d’opter pour la distanciation au lieu de l’évitement. C’est une stratégie qui permet de mieux contrôler la situation et de bien réfléchir avant d’agir.r>• La maitrise de soi : Avant toute réaction, il faut réguler son état émotionnel. Certes, la démarche n’est pas aisée, mais elle est très importante pour pérenniser les relations. C’est avec l’entrainement qu’on peut acquérir cette compétence.r>• Partager avec les autres ses soucis : Ce n’est pas méchant si on cherche le soutien de notre entourage et de partager avec les autres soucis. Cela permet d’être informé et conseillé, mais surtout de minimiser les risques d’échec dans une prise de décision.r>• Considérer la situation comme un défi à relever : Chaque chose qu’on vit doit avoir un sens. Il ne faut jamais considérer les situations professionnelles comme une menace à la stabilité, car cela peut être une opportunité pour changer et avancer.r>Les stratégies d’évitement représentent, malheureusement et souvent, un chemin obligé dans la gestion de conflits, elles se révèlent rapidement inadéquates. On se résigne alors à croire que ni l’indifférence, ni l’inaction ne sauraient apporter une résolution définitive. Il faut savoir s’adapter à chaque situation en adoptant la posture qui convient.