26 Septembre 2018 À 23:53
Lancé en septembre 2013, à titre expérimental, le baccalauréat international «option français» a atteint une vitesse de croisière, après son extension à de nombreux lycées marocains. C’est ce que montrent les chiffres qui nous ont été révélés par la direction des curricula du département de l’Éducation nationale. En effet, ces chiffres indiquent que, dans le public, l’enseignement du bac international est passé de six établissements au cours de l’année scolaire 2013-2014 – date de son lancement – à 58 établissements au cours de l’année 2014-2015. Ce chiffre a été multiplié par quatre en 2015-2016 avec 205 établissements. L’année suivante, 2016-2017, ce chiffre a atteint 302 établissements, pour atteindre 673 établissements l’année dernière, sur les 1.100 lycées que compte le Maroc.r>«Nous souhaitons aller vers une généralisation des sections internationales dans les filières scientifiques à tous les établissements secondaires qualifiants. Cependant, il faut préciser que la généralisation ne signifie pas que cela va toucher toutes les classes. Cela signifie, par exemple, que si dans un lycée il y a une dizaine de classes option science du tronc commun, six, quatre, ou deux classes, selon la demande des élèves, suivront le cursus du bac international. Petit à petit, les gens vont réaliser l’intérêt de cet enseignement et cela pourra donc être généralisé à l’ensemble des élèves», explique Fouad Chafiqi, directeur des curricula au département de l’Éducation nationale.r>Il affirme qu’au cours de cette année, dans le public, le bac international est présent à hauteur de 50 à presque 60% dans les 1.100 lycées. «Nous espérons, en 2018-2019, atteindre le taux de 100% des lycées qui offrent le bac international, option langue française», souligne-t-il. En ce qui concerne l’option section anglaise, cinq établissements seulement disposent de cette catégorie de bac (un à Rabat, un à Casablanca, deux à Tanger et deux à Tétouan). Cela s’explique par l’absence de professeurs de DNL (disciplines non linguistiques) capables d’enseigner les matières scientifiques en anglais. Le deuxième problème est qu'au jour d’aujourd’hui, à part une filière en mathématique et informatique en anglais, qui est offerte à l’Université Mohammed V, les élèves qui obtiennent le bac international option anglais et souhaitant faire médecine, ingénierie ou autre, ne trouvent pas d’enseignement supérieur dispensé en anglais. Ils se retrouvent donc obligés de se reconvertir une nouvelle fois au français. «Il y a donc un problème de débouchés après le bac pour les anglophones», regrette Fouad Chafiqi. En ce qui concerne l’option langue espagnole, il y a un seul établissement pour le bac international se trouvant à Nador, ce qui dénote un manque d’engouement.r>En ce qui concerne l’ampleur du bac international dans le privé, il est passé de zéro établissement en 2013-2014 (étant donné qu’aucun lycée du privé n’a été autorisé par le ministère au départ) à 144 établissements autorisés, en 2014-2015, sur les 500 établissements offrant l’enseignement secondaire qualifiant. En 2015-2016, ce chiffre a presque doublé en atteignant 238 établissements puis 291 en 2016-2017 et 389 l’année dernière. Aujourd’hui, selon le ministère, tous les établissements privés qui ont la capacité de basculer vers le bac international l’ont fait.r>En termes d’effectifs des élèves optant pour le bac international, ils étaient dans le public de l’ordre de 408 en 2013-2014 dans la filière bac international option français. Ce chiffre est passé, l’année dernière, à 57.769 élèves. Dans le privé, le nombre d’élèves de cette catégorie est passé de zéro en 2013-2014 à 41.489 élèves. Ce qui veut dire que le système de l’enseignement compte presque 100.000 élèves (public et privé) dans les lycées dans la filière bac international option français. Donc, un élève sur cinq a choisi l’option bac international, sachant que le nombre des élèves dans les options scientifiques est de l’ordre de 505.820 lycéens. Par ailleurs, précise Fouad Chafiqi, cette expérience a également démarré l’année dernière, au niveau des collèges du public. Ainsi, au cours de l’année scolaire 2017-2018, il y avait 576 collèges du public qui ont proposé les sections internationales avec un effectif 80.941 élèves. En ce qui concerne le privé, il vient d’être autorisé, cette année, à ouvrir ce parcours international au profit des collégiens.
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Pouvez-vous nous expliquer comment a été introduit, depuis le départ, le bac international dans les lycées marocains ?r>Le bac international marocain est délivré par le ministère de l’Éducation nationale. Il est le résultat de toute la réflexion que le ministère a mené concernant la problématique de la maîtrise des langues étrangères par les élèves du primaire et du secondaire. On avait considéré que le plus important pour maîtriser la langue c’est sa pratique. C’est d’ailleurs une réflexion qui a démarré au début des années 1990, mais qui n’a abouti qu’en 2013. L’idée était de travailler sur une période de transition en optant pour une immersion linguistique. Ce qui consiste à ne pas apprendre seulement une langue, mais aussi à l’utiliser dans un contexte, des situations communicationnelles dans lesquelles la langue s’apprend et devient un outil qui véhicule les connaissances et le savoir. Il faut souligner qu’au début, cela n’allait pas concerner particulièrement les matières scientifiques. En 2012 on pensait l’intégrer beaucoup plus à travers la philosophie, l’histoire et la géographie. Mais le problème auquel on a été confronté, c’est que les enseignants que nous avons dans le système éducatif du secondaire des disciplines des sciences humaines sont des lauréats des Facultés des lettres et des sciences humaines. Cadre dans lequel les sciences humaines étaient dispensées en arabe depuis le milieu des années 1960. La seule possibilité qui était offerte c’était de choisir parmi les filières scientifiques des enseignants qui peuvent enseigner dans les deux langues, l’arabe et le français. Là on avait le choix d’axer sur les sciences de la vie et de la Terre. Puis on a pensé à élargir vers la physique et la chimie, mais aussi les mathématiques. On s’est donc retrouvé avec la contrainte d’intégrer les langues dans les trois disciplines. C'est ce que nous avons démarré en 2013, mais en douceur en axant sur les élèves qui avaient déjà des atouts en français pour la matière.
Comment cela a-t-il évolué ?r>Lorsque nous avons créé le bac international en 2013-2014 dans six établissements dans lesquels nous avons créé deux classes par établissement, nous avons eu, au cours de l’année, une pression très forte sur le ministère. Une pression exercée par les élus, les associations de parents d’élèves, des parlementaires… qui demandaient à ce que dans leur zone, ce bac soit également ouvert. C’est ainsi que, poussés par la pression sociale, nous avons été contraints d’augmenter la capacité de ces filières. En termes d’effectifs des élèves optant pour le bac international, ils étaient dans le public de l’ordre de 408 en 2013-2014, dans la filière bac international option français. Ce chiffre est passé l’année dernière à 57.769. Dans le privé, le nombre des élèves de cette catégorie est passé de zéro en 2013-2014 à 41.489 élèves l’année dernière.
Est-ce que les démarches entreprises pour généraliser le bac international seront maintenues dans la réforme de l’enseignement ?r>Le bac international c’est pratiquement la mise en œuvre de l’une des préconisations de la vision stratégique de la réforme et qui est exprimée de manière plus claire dans le projet de la loi-cadre relatif au système d'éducation, de formation et de recherche scientifique. Un article parle de l’enseignement des disciplines des sciences et des techniques dans des langues étrangères. Nous avons démarré ces réformes en alignement total avec la vision stratégique au moment où elle était en train d’être composée. Soyez sûr, nous avons pratiquement une ligne rouge que nous respectons et nous ne mettons rien dans les reformes en cours qui peut être en contradiction avec la vision stratégique et la loi-cadre qui est passée dans le Conseil des ministres le 20 août dernier. n