28 Novembre 2018 À 17:55
La surface des forêts méditerranéennes a augmenté, entre 2010 et 2015, de 2% soit 1,8 million d'hectares pour atteindre 88 millions d'hectares. C'est l'unique bonne nouvelle du dernier rapport, publié le 27 novembre, de la FAO et du Centre d'activités régionales du Plan d'action pour la Méditerranée. En dépit de cette augmentation, les forêts ont connu, sur la période considérée, une forte dégradation qui se répercute sur le sous-bois et sur la faune. Dans les 27 pays que couvre ce rapport, 400.000 hectares de forêts sont brûlés chaque année mettant en péril au moins 339 espèces de plantes et animaux, soit 16% de la faune et de la flore de cette région qui renferme la 2e plus grande concentration de biodiversité au monde. En tête de classement des menaces qui guettent plantes et animaux, les forêts d'Espagne (26%) arrivent en tête de peloton, suivie de l'Italie (24%), de la Grèce (21%), de la Turquie (17%), le Maroc ferme la marche avec 15% de sa biodiversité menacés. Dans un récent accordé à la MAP, le haut-commissaire aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification, Abdeladim Lhafi, avait indiqué qu'au Maroc la demande en bois comme source d'énergie est le double de ce que la forêt peut fournir annuellement. Selon M. Lhafi, la forêt marocaine produit environ 3,25 millions de tonnes de bois par an alors que les besoins du monde rural se chiffrent à près de 6 millions de tonnes. Ce gap pourrait être comblé par les opérations de reboisement estimées à 50.000 hectares par an et par la distribution au profit des populations rurales de 60.000 de fours améliorés pour de 60 millions de dirhams entre 2015-2024.
À cette pression anthropique s'ajoute le dérèglement climatique qui frappe de plein fouet le bassin méditerranéen. «Les forêts de la Méditerranée ont depuis longtemps appris à s'adapter aux pressions induites par le développement humain. Mais ces pressions n'ont jamais été aussi extrêmes que maintenant», a indiqué Hiroto Mitsugi, sous-directeur général de la FAO en charge du département des forêts, cité dans le rapport. Ce dernier a identifié le changement climatique comme la première menace qui plane sur le couvert forestier des deux rives de la Méditerranée. «La hausse des températures, les pluies irrégulières et les périodes de sécheresse prolongée ont pour effet d'altérer le couvert et la répartition des forêts et des arbres pendant les années à venir. Par exemple, lorsque les arbres tentent de résister aux sécheresses, ils se vident de leur stock de carbone et produisent moins de glucides et de résines qui sont essentiels pour leur santé», souligne le rapport.