09 Janvier 2018 À 20:16
Contribuer à approfondir la réflexion et à élargir les concertations en vue d’élaborer une vision prospective et orientée sur la migration, laquelle sera incluse dans le document qui sera présenté par le Maroc à l’occasion de la tenue du 30e Sommet de l’Union africaine prévu du 28 au 30 janvier à Addis-Abeba. C’est l’objectif principal de la Conférence ministérielle organisée mardi dernier au ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale à Rabat. Présidée par Nasser Bourita, cette rencontre s’inscrit dans la continuité des concertations menées avec les partenaires africains en vue d’élaborer un agenda africain en perspective du prochain Sommet de l’UA. Elle fait suite à un processus amorcé lors du 28e Sommet de l’Union africaine, lorsque Sa Majesté le Roi Mohammed VI avait bien voulu accepter, à la demande du Président Alpha Condé, de coordonner l’action de l’Union africaine en matière de migration. Le Souverain avait posé ensuite, en juillet 2017, conformément à ce mandat panafricain, les premiers jalons d’un agenda africain sur la migration en présentant une note préliminaire qui définit une «Vision pour un agenda africain sur la migration», lors du 29e Sommet des Chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine.r>Aujourd’hui, à quelques semaines de la tenue du 30e Sommet, le Maroc souhaite rapprocher les visions des partenaires africains dans le but d’adopter un agenda auquel tout le continent adhère et qui permettra de «faire de la migration un levier du co-développement, un pilier de la coopération Sud-Sud et un vecteur de solidarité», pour reprendre les déclarations de M. Bourita. En effet, le chef de la diplomatie marocaine souligne l’importance de l’élaboration de ce document qui pourra constituer une base ou une référence pour les pays africains en matière de politique migratoire.
En effet, face à l’inefficacité des approches visant à maitriser les flux migratoires, à cause notamment de leur intervention en aval des mouvements migratoires, il est devenu nécessaire, estime M. Bourita, de remédier en amont aux causes profondes des déplacements massifs et d’intensifier les efforts de prévention des situations de crise et de faire face à l’absence des perspectives économiques, à l’instabilité, à l’exclusion et aux conséquences néfastes du changement climatique.r>En outre, ajoute le même responsable, une importance particulière doit être accordée au respect des droits de l’Homme lors de l’élaboration de politiques de gestion des frontières. «Ces deux notions doivent être appréhendées ensemble dans une démarche de complémentarité. Les politiques de maîtrise des flux, la lutte contre la migration forcée, la traite des êtres humains et le trafic des migrants doivent aller de pair avec la création et l’élargissement des voies régulières de migrations», renchérit le haut responsable marocain, soulignant que l’Agenda africain sur la migration supposerait un changement de paradigme et une redéfinition de la migration qui s’appuie sur une démarche introspective et positive ainsi qu’une volonté politique réelle des États.r>Une démarche positive et surtout une position africaine commune qui traduit la vision partagée de la migration en engagements réalisables reflétant les priorités du continent, ce sont là les principales ambitions réitérées par les différents intervenants lors de cette conférence ministérielle. «Nous espérons harmoniser la vision africaine pour un Agenda unifié de l’Afrique sur la migration, puisque ce phénomène doit désormais être appréhendé à la lumière d’une stratégie commune et audacieuse sur les potentialités d’enrichissement économique, culturel et social des mobilités humaines, car repensée à l’échelon continental, bien gérée et bien exploitée, la migration constitue une plus-value incontestable pour l’ensemble des États africains», souligne Mamadi Touré, ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger de la République de Guinée et président du Conseil exécutif de l’Union africaine. Outre l’unification des visions, la commissaire aux affaires sociales au sein de la Commission de l’Union africaine, Amira Elfadil Mohammed, plaide pour la mise en place d’un cadre juridique et d’une véritable architecture institutionnelle en matière de migration afin de coordonner les efforts des principaux intervenants.r>Il convient de souligner que l’adoption d’un Agenda africain sur la migration revêt un caractère crucial pour l’amélioration de la politique africaine dans ce domaine. Le Maroc, qui a été désigné pour abriter la 11e édition du Forum mondial de la migration et du développement (du 5 au 7 décembre) et la Conférence d’adoption du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières les 10 et 11 décembre 2018, espère voir cette nouvelle «feuille de route» adoptée lors du futur sommet de l’Union africaine. Une référence qui permettra à l’Afrique de parler d’une seule voix au niveau international, de défendre une vision commune et de mettre en place une gouvernance partagée sur les questions de mobilité.