11 Mars 2018 À 14:00
Éco-Conseil : Pourquoi est-il recommandé de travailler en mode projet ?r>Mohammed Benouarrek : Travailler en mode projet n’est pas nouveau. Les pharaons l’ont appliqué pour la construction des pyramides. Les Chinois l’ont aussi pratiqué pour le projet de construction de la muraille de chine. Ces deux exploits témoignent d’une manière pragmatique de l’importance de travailler en mode projet. Faut-il encore rappeler que le travail en mode projet donne de la visibilité et de l’importance aux chantiers à entreprendre. Cette emphase stimule les équipes et les motive pour aller au-delà de leurs limites. La visibilité du projet rend aussi le deadline un moment attendu. On ne peut pas cacher l’échec en termes d’atteinte ou non des objectifs ainsi que le respect ou non des délais. Ces spécificités agissent comme des stimulants de la performance. Un autre levier reste celui du travail en équipe. En effet, un projet demeure une mobilisation temporaire d’un groupe pour atteindre une finalité. Une fois la dynamique du groupe est bien installée, le challenge est relevable. Enfin, il y a lieu de noter que nous vivons dans une époque de changement continu. Qui dit changement dit projet mobilisant des ressources pour une finalité donnée. Aussi, plusieurs projets induisent forcément du changement. Ainsi, la conduite du changement et la gestion en mode projet sont intrinsèquement liées.
Comment travailler en mode projet ?r>Travailler en mode projet renvoie essentiellement vers une organisation sous forme de projet. Il ne s’agit pas de la gestion des projets, mais la gestion par projet. En effet, certaines entreprises optent pour un setup organisationnel non classique. Il s’agit d’entreprises qui fonctionnent sous forme de projets comme des BU’s. Les équipes sont «remodelables» et changent par projet. Souvent, les entreprises de BTP, de communication et événementiel optent pour cette organisation. Des collaborateurs avec des cartographies de compétences complémentaires sont choisis afin de constituer des équipes qui vont gérer un projet de bout en bout. Une fois la mission est réalisée, l’équipe est dissolue. Les membres de ladite équipe ne se retrouveront pas obligatoirement au sein du même groupe pour la mission qui suit. Il s’agit d’une agilité organisationnelle extraordinaire et qui répond parfaitement aux exigences de flexibilité de nos temps.
Ce type de fonctionnement nécessite-t-il des compétences ou des aptitudes spécifiques ? Y a-t-il des personnalités incapables de travailler en mode projet ?r>La capacité à se diluer dans le groupe est méga importante afin de réussir à s’insérer dans un moule pareil. Les personnes égocentriques auront beaucoup de mal à s’intégrer dans un setup pareil. Une deuxième compétence requise est celle de la flexibilité. Pouvoir changer d’équipe, de mission, de deadline, de lieux… La fixité est révolue. Le collaborateur est amené à se comporter en salarié «nomade» et accepter les changements dus aux aléas communs dans la vie professionnelle. Ceci n’est pas synonyme d’absence d’organisation, mais plutôt de ductilité comme si les boxes sont devenus des cubes modulables.
Comment gérer la complexité qui peut accompagner ce mode d’organisation ?r>Il ne s’agit de complexité que si on continue à raisonner de la même manière qu’auparavant. Le monde bouge et change. Si on continue à le regarder du même point de vue existant, on ne pourra voir que les problèmes existants. Changeons d’angle de vison pour voir les opportunités de solution que ce mode de gestion présente. L’organisation se redéfinit à la lumière de l’évolution des problématiques qui s’imposent de plus en plus. Le monde change. Il est évident que si les problèmes évoluent ; les solutions doivent faire de même.
Quel rôle pour le pilote de projet ?r>Le pilote de projet est un fédérateur de ressources. Il/elle a pour mission d’orchestrer des ressources qui ne reportent pas à lui/elle hiérarchiquement d’une manière permanente. Avec cette contrainte qui s’ajoute aux deadlines et à la visibilité de tout projet, le pilote de projet devra mobiliser ces ressources et tisser à chaque fois des liens pour aller d’une juxtaposition d’individus vers une équipe soudée autour d’un projet éphémère.