09 Août 2018 À 18:29
Le sujet dont on parle beaucoup dans les pays arabo-musulmans sans vraiment en parler est le sexe. Ce grand tabou, qui crée une schizophrénie au sein de la société marocaine, est analysé par Leïla Slimani dans son ouvrage «Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc». L’auteure, comme elle l’écrit au début du livre, ne nous livre pas une étude sociologique ou une enquête journalistique. Loin de là, elle présente un regard brut sur la réalité sexuelle cachée derrière les murs marocains. Via des témoignages sincères et poignants, on découvre, ou on se rafraichit la mémoire, combien la femme marocaine subit la schizophrénie de sa société. r>Les récits de ces femmes révèlent à quel point le manque ou l’absence d’éducation sexuelle peut influencer une vie. On touche de plus près la réalité des filles «coincées» en adolescence qui pensent que le mari peut tout se permettre jusqu’au jour où elles découvrent qu’elles ont le droit à une sexualité choisie et désirée. Le livre de Leïla Slimani défend cette liberté individuelle violentée et séquestrée derrière le cadre parfait imposée par la société. Dans «Sexe et mensonge, la vie sexuelle au Maroc», on se rappelle combien la société marocaine privilégie le mensonge quand il s’agit de sexualité. Sinon, la femme risque de perdre sa place dans le beau cadre sociétal. r>Malheureusement, ce constat engendre plusieurs dégâts psychologiques et physiques. En témoigne, la déclaration de Faty Badi, qui a animé avec le sexologue Doc Samad, une émission de libre antenne sur Hit Radio. «Les auditeurs avaient tous un point commun : une méconnaissance profonde de leurs corps, surtout lorsqu’il s’agit de pratiques sexuelles… Je me suis vite rendu compte que notre émission avait un véritable objectif pédagogique.» Fati Badi a aussi relevé le problème des mineures mariées par la force. Ce livre réel et bouleversant aborde également l’avortement, le concubinage, l’adultère et l’homosexualité. Au fil des témoignages, on se rappelle qu’au Maroc, le regard des autres est plus important que la liberté de conscience. Et pour répondre à tous ceux qui se cachent derrière le poids de la religion dans la société pour freiner les changements législatifs et les discussions, Leïla Slimani évoque les travaux d’éminents chercheurs dans les premiers temps de l’Islam. Pour eux, le sexe était loin d’être un tabou. La femme en Islam est d’abord un être humain libre, doué de sens d’intelligence et de raison. Dans «Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc», on touche de très près «la misère sexuelle» au Maroc.