21 Mai 2018 À 17:01
Étant le quatrième pilier de l’Islam, le jeûne du mois du Ramadan est obligatoire pour tout le monde. Mais quand la période de grossesse ou d’allaitement coïncide avec le mois sacré, la même question se pose à chaque fois : est-il possible de jeûner sans aucun risque de problème de santé ? En effet, les femmes enceintes ont peur d’avoir des complications ou que cela se répercute sur leur santé et celle de leur bébé. r>Les femmes allaitantes, quant à elles, sont généralement inquiètes et ne veulent pas que le jeûne ait un effet sur leur lactation, d'autant que cette année encore il faut s’abstenir de manger et de boire durant 16 longues heures. Ces femmes sont donc tiraillées entre leur envie d’accomplir leur devoir en tant que musulmane et leur crainte pour leur santé et celle de leur enfant. Dans ce cas, il faut impérativement prendre l’avis d’un médecin généraliste pour les femmes allaitantes et du gynécologue qui suit la grossesse pour les femmes enceintes. C’est le seul moyen pour s’assurer que la femme ne souffre d’aucune maladie qui l’empêcherait de jeûner. «Pour une grossesse normale, si la patiente est en bon état de santé, sans carence, avec un contrôle échographique rassurant elle peut décider de jeûner. Mais attention, il y a toujours un risque d’interruption de grossesse ou d’accouchement prématuré en cas de fatigue extrême et de surmenage pendant une grossesse même en dehors du jeûne. Il faut donc rester vigilant et en cas de sensations de malaise (nausées, vomissements, gastralgies, vertiges, maux de tête, douleurs abdominales…) ne pas hésiter à rompre le jeûne et à consulter son médecin pour vérifier si tout se déroule bien : poids, tension artérielle, position et activité du fœtus…», explique Dr Valerie Alighieri, diabétologue, médecin généraliste, nutritionniste. Et d’ajouter : «S’il s’agit d’une grossesse précieuse, c’est-à-dire une grossesse obtenue par Procréation médicalement assistée, ou d’une grossesse gémellaire, ou si la patiente développe une pathologie pendant la grossesse comme une hypertension ou un diabète gestationnel, il faut avant tout privilégier la sécurité de la mère et de l’enfant. r>Le jeûne est éprouvant et peut entraîner de la fatigue, des hypoglycémies, une déshydratation, des variations de tension qui pourraient nuire à la bonne évolution de la grossesse».
Pour la répartition des repas de la femme enceinte durant le mois du Ramadan, elle peut choisir de manger deux repas («ftour» et «shour») étant donné le court délai entre la rupture du jeûne et le lever du soleil. Cela laissera plus de temps pour la digestion sachant que les femmes enceintes souffrent souvent de problèmes digestifs. La pression qu’exerce le fœtus sur les organes digestifs surtout à partir du deuxième trimestre (estomac, intestins, côlon) entraine acidité, reflux, constipation… Entre les deux repas, la future maman pourra bien s’hydrater, prendre des tisanes ou du bouillon de légumes, excellent pour la réhydratation avec un apport associé en sels minéraux. Prendre 3 repas permet cependant une alimentation légère et équilibrée.r>L’essentiel, quel que soit le nombre de repas que la femme enceinte parvient à prendre, est d’avoir une alimentation diversifiée et saine et de boire suffisamment d’eau pour se réhydrater. Garder une bonne ration de légumes et de fruits frais et secs comme les dattes. Les légumes doivent être bien lavés s’ils sont crus. Répartis sur le «ftour» et le dîner, ils assurent un bon apport en eau, en fibres et en vitamines. Prendre de bonnes rations de féculents (riz, pâtes, pain complet, soupe «harira» ou soupe blanche «belboua»…) à chaque repas et surtout au moment du «shour» pour assurer une bonne glycémie et de l’énergie toute la journée. Il faut aussi privilégier le poisson à la viande, car il est plus digeste, et prendre plus de viande blanche que de viande rouge. Toujours bien les faire cuire pendant la grossesse. r>Ce qu’il faut surtout éviter, ce sont les fritures qui sont irritantes et indigestes et les sucres rapides (sucre, gâteaux, glaces, jus…), car ils font monter la glycémie, entrainent la soif et les coups de pompe dans les heures qui suivent la prise. En cas d’envie de sucre, il faut privilégier les sucres lents et opter pour des fruits secs qui sont énergétiques et nutritifs. Enfin, un conseil primordial est le repos. La future maman qui jeûne doit conserver suffisamment d’heures de sommeil.