13 Juin 2019 À 17:54
Faut-il déjà stigmatiser ou critiquer la sélection, après une contre-performance en amical avec des joueurs exténués (fin de saison, cumul des séances d’entraînement en concentration…) ? Il est clair que toute conclusion bâtie sur le résultat de mercredi serait hâtive et irréfléchie. D’abord parce qu’il n’y avait aucune exigence de résultat, bien au contraire. Une défaite en match de préparation est, en général, plus bénéfique qu’une victoire, car elle permet aux joueurs d’éviter l’excès de confiance et les incite à redoubler d’efforts pour effacer les séquelles du revers. Elle met aussi en relief les carences et limites de l’équipe et permet au coach de colmater les brèches constatées. Et puis les joueurs avaient effectué une série de 13 séances d’entraînement en 10 jours de concentration au Centre national de Maâmora et ils étaient visiblement en état de surmenage. Autre paramètre crucial : la motivation. Le réalisme cruel des Gambiens leur a assuré une victoire de prestige, eux qui ne se sont pratiquement pas donné la peine d’attaquer en seconde période, même pas en contre-offensive. Ils étaient, visiblement, décidés à signer un succès, d’autant plus que leur coach avait déclaré en conférence d’après-match que la «Gambie n’avait pas signé de victoire à l’extérieur depuis plus de 3 décennies». Le Maroc, qui n’avait pas vraiment l’obligation de s’imposer, a donc buté sur une équipe opportuniste, plus résistante physiquement et vraisemblablement plus motivée à l’idée de battre un candidat au titre de la CAN sur sa pelouse, alors qu’elle ne disputera même pas le premier tour de la compétition. La déclaration du coach belge des Scorpions confirme d’ailleurs cette lecture: «Nous avions besoin de cette victoire et j’en félicite vivement mes joueurs. Le Maroc est l’un des grands favoris pour le titre de la Coupe d’Afrique des nations 2019, avec l’Égypte et l’Algérie. Je connais bien les joueurs marocains, ils sont talentueux, je crois qu’ils diront leur mot lors de la prochaine CAN».
Boufal, Idrissi et Hakimi, points lumineux de l’effectif mercredir>Hervé Renard a donc entamé la rencontre avec ce qui devrait certainement constituer son Onze titulaire en Égypte (Bounou, Benatia, Saïss, Dirar, Mazraoui, El Ahmadi, Belhanda, Boussoufa, Ziyech, Boufal et Boutaïb), puis a aligné une toute autre équipe en seconde période (Tagnaouti, Abdelhamid, Da Costa, Hakimi, Bourabiaâ, Baâdi, Aït Bennasser, Amrabat, Idrissi, Hamdallah, En-nseyri et Fajr), dans le souci d’éviter les blessures et la fatigue. Les Lions ont encore facilement imposé leur supériorité, mais n’ont pas su exploiter la possession du ballon, toujours les mêmes difficultés à concrétiser. Transitions trop lentes ou carrément ratées, manque de créativité dans les constructions offensives, difficulté à combiner et à franchir la dernière ligne de l’adversaire, ou encore rythme de «grand-père» comme l’a avoué Renard en fin de rencontre... La copie rendue mercredi est pleine de ratures, mais rien n’est plus normal lorsqu’on passe un examen blanc. Malgré le résultat, certains joueurs sont parvenus à se distinguer et à inspirer satisfaction. C’est cas de Soufiane Boufal et Oussama Idrissi, intenable sur le couloir gauche et un des rares éléments à opter pour un jeu vertical et non latéral. Le retour en force d’Achraf Hakimi rassure aussi, lui qui a été le seul à réussir un tir cadré hors de la surface.
La ligne médiane de Renard tiendra-t-elle le coup en Égypte ?r>Le compartiment de jeu suscitant le plus de crainte demeure indéniablement le milieu de terrain. Mercredi, Karim El Ahmadi a mordu la poussière à plusieurs reprises, complètement dépassé par la fougue des jeunes attaquants gambiens. Face à des sélections plus redoutables, la situation devrait être encore plus compliquée pour un joueur de 34 ans qui a passé sa dernière saison en Arabie saoudite. Les prestations de M’barek Boussoufa et de Younès Belhanda laissent également à désirer, surtout au niveau de la relance qui a été derrière le but encaissé par les Lions mercredi. En pointe de l’attaque, la titularisation de Khalid Boutaïb est plus que jamais remise en question. Ses appels de balle, ses contrôles et ses mouvements en surface face à la Gambie n’ont que très peu pesé sur la défense adverse, contrairement à Abderrazak Hamdallah qui a créé plus de problèmes aux Scorpions en seconde mi-temps. Le sélectionneur national aura donc plusieurs chantiers à réviser avant le coup d’envoi de la CAN 2019, et l’on attendra avec impatience la deuxième exhibition face à la Zambie, dimanche, pour observer la réaction de Renard et de ses joueurs juste avant le départ pour l’Égypte.