27 Octobre 2019 À 15:35
Après Asilah, Azemmour, El Jadida, Zagora, Casablanca, et Mohammedia, ce sont les «Visages à réfléchir» du Souss que Abdelkrim El Azhar explore dans cette exposition, renouvelant, ainsi, son rapport à la nouvelle, à travers une série de toiles. Celles-ci évoquent l’acte humain et célèbrent la création dans ses divers genres, et ce à travers les témoignages du doyen de la nouvelle Ahmed Bouzfour et le critique d’art Rachid El Hahi, mettant en relief cette relation unissant toutes sortes de créativités, dans le temps et l’espace.r>Pour cela, une rencontre sera organisée, au sein de la galerie, pour évoquer ce lien très fort entre l’écriture et l’art plastique, en compagnie du doyen du roman Ahmed Bouzfour et le romancier Abdelaziz Rachdi, avec la participation du critique plasticien Rachid El Hahi et le plasticien Abdelkrim El Azhar.r>Selon le critique d’art Ahmed Fassi, «El Azhar est ce conteur allégorique qui rend son récit iconographique en séquences fragmentées. Des représentations conférant aux êtres perçus dès le départ un aspect irréel avec ces traits incisifs quelque peu étranges, mais qui portent à réfléchir plus qu’ils n’émeuvent. Malgré ce pouvoir obsessionnel que l’on serait tenté d’imaginer, on aurait l’impression que ces personnages aux pupilles noires et rondes interpellent plus qu’ils surprennent».r>Sachant que l’art plastique a toujours été lié à la poésie, Abdelkrim veut montrer que cet art est également apte à être rapproché du récit, en livrant des toiles qui racontent des histoires ramassées comme dans la nouvelle. Tout un cérémonial plastique qui loue le travail des écrivains par le biais des arts plastiques, ôtant toute frontière qui les sépare. C’est l’objectif poursuivi par «Visages à réfléchir» d’El Azhar en livrant des toiles sous forme de récits, «qui insinuent sans verser dans la redondance. Le laconisme, la précision et l’abondance, tel est le mot d’ordre de ses travaux». Tout en rendant hommage au travail littéraire de ses amis écrivains, notamment Ahmed Bouzfour, le peintre considère que l’art plastique est un genre littéraire à part entière, sachant que tous les genres n’ont pas, en réalité, de frontières entre eux, dans la mesure où ils peuvent toujours s’entremêler pour produire l’extase, celle qui intercepte le plaisir.
De son côté, le critique Chafik Ezzouguari a indiqué que «“le visage” d’El Azhar, après avoir été un moyen de délimitation du temps et de l’espace dans leur globalité, s’est transformé en un moyen autre, une composante inhérente à ce corps dans sa spécificité. Et ce par l’entremise d’un langage affectif universel et existentialiste, en corrélation avec l’ensemble des contradictions de l’être humain. Avec ses traits et expressions, et à travers la symbolique des yeux au regard perçant, le visage mute en une fenêtre ouverte scrutant de haut, tel un témoin, le monde extérieur, en un miroir de dialogue dans son rapport au récepteur, où le murmure et un langage aussi éloquent que silencieux s’interpénètrent, un langage imprégné de mystère parfois, et affecté d’aveu d’autres fois».r>Signalons que ce natif d’Azemmour est diplômé de l’École des beaux-arts de Tétouan, de l’Académie des beaux-arts de Bruxelles et de l’Académie des beaux-arts de Liège. Professeur d’arts plastiques à El Jadida, El Azhar travaille depuis longtemps sur l’échiquier du symbolisme. Compartimentée, sa toile se prête à une segmentation qui fragmente le vécu visuel en une série de zones répétées inlassablement. Viennent alors s’incruster des signes, des symboles, des motifs figuratifs (œil, poisson, personnages miniatures, etc.).r>La peinture d’El Azhar est tout en transparence, faite d’esquisses nerveuses et fermes, de formes, de touches de couleurs, d’effets de délavé, de vieilli. Elle se passionne pour les visages, objets de recherche inépuisables, des visages qui se ressemblent sans pour autant être identiques. L’artiste construit ses pensées sur toile à partir de petites choses du vécu, tout en optant pour la technique du graphisme. Il a, à son actif, de nombreuses prestations au Maroc et à l’étranger.